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Afghanistan : La Coupure Télécom Paralysen Éducation et Économie

En Afghanistan, la coupure des télécommunications paralyse l'éducation des femmes et l'économie. Quel est l'impact réel de cette censure sur la société ? Découvrez-le...

Imaginez un instant : vous allumez votre téléphone, mais aucun signal. Pas d’accès à Internet, pas de réseaux sociaux, pas même un appel possible. En Afghanistan, ce cauchemar est devenu réalité pour des millions de personnes. Depuis début 2025, une coupure drastique des télécommunications, orchestrée par les autorités talibanes, a plongé le pays dans un silence numérique inquiétant. Cette mesure, justifiée par la lutte contre le « vice » et la « corruption morale », touche bien plus que les simples connexions. Elle prive les Afghans d’éducation, d’information et d’opportunités économiques, tout en renforçant l’isolement des femmes et des communautés rurales. Plongeons dans les conséquences de cette décision radicale.

Une Nation Déconnectée : Le Contexte

En Afghanistan, l’accès à Internet était déjà limité avant cette coupure massive. Selon des données récentes, seulement 30,5 % de la population, soit environ 13,2 millions de personnes, utilisait Internet début 2025. Les réseaux sociaux, quant à eux, ne touchaient que 9,4 % des Afghans, principalement dans les zones urbaines où les infrastructures sont plus développées. Les régions rurales, où l’agriculture domine, restent largement à l’écart de cette révolution numérique. Pourtant, même cet accès limité représentait une lueur d’espoir pour beaucoup, notamment pour les femmes et les jeunes entrepreneurs.

Lundi soir, tout a changé. Les signaux des téléphones portables et d’Internet se sont affaiblis, tombant à moins de 1 % des niveaux habituels. Cette déconnexion brutale, observée par des experts en suivi des réseaux, a transformé l’Afghanistan en un désert numérique. Mais qui en souffre le plus, et comment ?

Les Femmes : Une Prison Numérique

L’Afghanistan détient un triste record : c’est le seul pays au monde à interdire aux filles l’accès à l’éducation au-delà du primaire. Les femmes sont également exclues de nombreux emplois. Dans ce contexte, Internet était une bouée de sauvetage. Les cours en ligne, bien que limités, offraient aux femmes une chance d’apprendre en secret. Les plateformes numériques permettaient aussi à certaines de travailler à distance, contournant les restrictions imposées par le régime.

« Internet offrait une rare fenêtre sur le monde extérieur, un lien vital avec l’éducation et l’emploi. »

Macarena Saez, experte en droits humains

Cette coupure a transformé cette fenêtre en mur. Les femmes, déjà marginalisées, se retrouvent encore plus isolées. Sans accès aux ressources en ligne, leur apprentissage s’arrête, leurs opportunités s’évanouissent. Cette mesure ne fait qu’élargir la prison dans laquelle elles vivent, renforçant un système qui cherche à les rendre invisibles.

L’Information Muselée : La Fin du Journalisme ?

Les restrictions sur Internet ont également des conséquences dramatiques sur l’accès à l’information. Dès septembre, des coupures dans plusieurs provinces avaient déjà alarmé les observateurs. Les journalistes, déjà sous pression dans un pays où la liberté de la presse est quasi inexistante, se retrouvent paralysés.

« Interdire l’accès à Internet haut débit constitue une escalade de la censure sans précédent, nuisant au travail des journalistes. »

Beh Lih Yi, expert en protection des journalistes

Sans Internet, les médias locaux perdent leur capacité à diffuser des nouvelles. Les citoyens, eux, n’ont plus accès à des informations fiables, les laissant dans l’ignorance des décisions du régime. Les réseaux sociaux, utilisés par certains pour dénoncer les abus, sont désormais inaccessibles. Cette censure numérique renforce le contrôle des autorités sur le récit national.

Une Économie en Péril

Si l’économie afghane repose largement sur l’agriculture, les villes dépendent de plus en plus des technologies numériques. Les petites entreprises, les livreurs, les chauffeurs de VTC : tous s’appuient sur les télécommunications pour fonctionner. Najibullah, un commerçant de 42 ans à Kaboul, résume la situation :

« Sans téléphone ni Internet, nous sommes aveugles. Toutes nos activités dépendent des téléphones portables. »

Najibullah, commerçant afghan

Les jeunes, confrontés à un chômage endémique, utilisaient Internet pour proposer des services en freelance, de la conception graphique à la traduction. Les petites entreprises communiquaient avec leurs clients via des applications de messagerie. Même le système bancaire, en plein essor, est touché. En 2024, le nombre de distributeurs automatiques de billets a triplé, atteignant 274 unités. Sans Internet, ces services risquent de s’effondrer.

Aspect Impact de la coupure
Éducation Arrêt des cours en ligne pour les femmes
Information Censure des médias et des réseaux sociaux
Économie Paralysie des services numériques et bancaires

Les Réseaux Sociaux : Une Menace pour le Régime ?

Pour les autorités talibanes, Internet et les réseaux sociaux représentent un danger. Ils permettent aux citoyens de s’organiser, de partager des idées et de critiquer le régime. Comme l’explique Usama Khilji, militant des droits numériques :

« Les réseaux sociaux permettent de critiquer et dénoncer les agissements du gouvernement. »

Usama Khilji, militant des droits numériques

Les réseaux sociaux étaient aussi un espace de liberté relative, où les Afghans pouvaient accéder à des contenus culturels, éducatifs ou simplement divertissants. Cette coupure prive le pays de cette soupape, accentuant le sentiment d’isolement.

Un Impact sur le Ciel Afghan

La coupure des télécommunications a même perturbé le trafic aérien. Plusieurs vols internationaux ont été annulés, bien que les opérations aériennes puissent se maintenir grâce aux communications radio. Cependant, les opérations au sol, comme la gestion des réservations ou la coordination logistique, sont gravement affectées.

« Les pilotes peuvent encore communiquer par radio, mais l’impact au sol est bien plus important », explique Greg Waldron, expert en aéronautique. Cette perturbation illustre à quel point les télécommunications sont devenues essentielles, même dans des secteurs inattendus.

Une Infrastructure Fragile

L’Afghanistan avait pourtant investi dans ses infrastructures numériques. La fibre optique, déployée depuis les années 2000, couvre aujourd’hui 9 350 km. En 2024, les autorités présentaient cette technologie comme une priorité pour sortir le pays de la pauvreté. Ironiquement, cette même infrastructure est désormais inutilisable, paralysant les espoirs de modernisation.

Les conséquences de cette déconnexion sont multiples :

  • Éducation : Les femmes perdent leur accès aux cours en ligne.
  • Économie : Les petites entreprises et les services bancaires s’effondrent.
  • Information : La censure musèle les médias et les citoyens.
  • Connectivité : Les communautés rurales restent isolées.

Un Avenir Incertain

La coupure des télécommunications en Afghanistan n’est pas qu’une mesure technique. C’est une décision politique qui renforce le contrôle du régime sur la population. En privant les Afghans d’Internet, les autorités talibanes limitent leur accès au monde, à l’éducation et à l’économie. Cette mesure, présentée comme une lutte contre le « vice », révèle une volonté de maintenir un statu quo oppressif.

Pourtant, dans un monde de plus en plus connecté, cette déconnexion pourrait avoir des conséquences imprévues. Les jeunes, habitués à utiliser Internet pour apprendre et travailler, pourraient chercher des moyens de contourner ces restrictions. Les réseaux sociaux, malgré leur interdiction, ont prouvé leur résilience dans d’autres contextes. L’avenir dira si cette coupure est une victoire pour le régime ou le début d’une résistance silencieuse.

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