Le bras de fer judiciaire opposant le réalisateur Roman Polanski à l’actrice britannique Charlotte Lewis depuis plusieurs années arrive à un tournant décisif. D’après des sources proches du dossier, la cour d’appel de Paris rendra sa décision très attendue le 4 décembre prochain dans cette affaire de diffamation présumée.
Polanski relaxé au pénal mais pas tiré d’affaire
En mai dernier, le tribunal judiciaire avait relaxé le cinéaste de 91 ans sur le plan pénal suite à la plainte déposée par Charlotte Lewis qui l’accusait de l’avoir diffamée. Une victoire en demi-teinte car si la relaxe est désormais définitive, la cour d’appel peut encore condamner Roman Polanski au civil et le contraindre à verser des dommages et intérêts à la comédienne.
Une liberté d’expression en question
Au cœur des débats : les propos tenus par Roman Polanski dans un entretien accordé à Paris Match fin 2019. Interrogé sur les multiples accusations d’agressions sexuelles et de viols à son encontre, dont celles de Charlotte Lewis, il avait déclaré :
Voyez-vous, la première qualité d’un bon menteur, c’est une excellente mémoire. On mentionne toujours Charlotte Lewis dans la liste de mes accusatrices sans jamais relever ses contradictions.
La justice devra déterminer si ces déclarations relèvent d’un usage abusif de la liberté d’expression ou non, sans se prononcer sur la véracité des accusations portées contre le réalisateur.
Charlotte Lewis et ses déclarations contradictoires
En 2010, lors d’une conférence de presse au Festival de Cannes, l’actrice britannique avait relaté avoir été agressée en 1983 par Roman Polanski lors d’un casting à Paris, alors qu’elle n’avait que 16 ans. Mais la défense du cinéaste a exhumé un entretien datant de 1999 dans lequel Charlotte Lewis tenait des propos nettement plus élogieux :
Il me fascinait et je voulais être sa maîtresse. Je le voulais probablement plus qu’il ne me voulait.
– Charlotte Lewis au tabloïd News of the World en 1999
Des déclarations que la comédienne conteste aujourd’hui en partie, mais qui constituent la pierre angulaire de la défense de Roman Polanski pour démontrer les “contradictions” de son accusatrice.
Un cinéaste habitué des prétoires
Figure majeure du 7ème Art, récompensé aux Oscars et à Cannes, Roman Polanski traîne depuis plus de 40 ans une sulfureuse réputation. Condamné aux États-Unis pour avoir eu des relations sexuelles illégales avec une mineure de 13 ans en 1977, il est considéré comme un fugitif outre-Atlantique et fait l’objet de multiples accusations d’agressions sexuelles.
Si la relaxe prononcée en mai en première instance sur le volet pénal de l’affaire Lewis est définitive, la décision très attendue de la cour d’appel le 4 décembre pourrait tout de même porter un coup à l’image du cinéaste si une faute civile était retenue. Les avocats des deux parties fourbissent leurs armes pour ce dernier round judiciaire dont l’issue reste incertaine.