Un an jour pour jour après la mort tragique de Nahel, 17 ans, tué par balle lors d’un contrôle de police à Nanterre, l’affaire continue de susciter une vive émotion. Alors que l’enquête se poursuit, de nouveaux éléments viennent apporter un éclairage inédit sur les circonstances du drame. Le Figaro a pu consulter en exclusivité les derniers témoignages recueillis ainsi que de nouvelles expertises qui bousculent le cours de l’investigation.
La version des deux policiers en question
Au cœur de l’affaire, les deux policiers impliqués dans l’intervention ce 27 juin 2023. Julien L., 40 ans, le tireur, et son collègue Florian M., 38 ans, maintiennent tous deux leur version d’une légitime défense face à un refus d’obtempérer et une mise en danger. Pourtant, leur récit et leur personnalité sont passés au crible.
Lors d’une expertise psychologique dont Le Figaro a eu connaissance, Julien L. se décrit comme un “boute-en-train” quand son collègue Florian M. apparaît “calme et posé”. Des profils différents mais complémentaires selon leurs dires. Une “bonne entente” qui aurait basculé ce jour fatidique.
Le tir mortel et la question de la légitime défense
Le point central de l’affaire demeure les circonstances exactes du tir mortel. Les deux policiers assurent avoir agi en état de légitime défense face à un véhicule qui fonçait sur eux. Une thèse fragilisée par une nouvelle expertise balistique qui apporte un éclairage technique sur la trajectoire du tir fatal.
Les constatations balistiques viennent interroger la proportionnalité de la riposte et sa nécessité à ce moment précis de l’intervention.
Confie une source proche du dossier
Un second témoin clé, lui aussi policier mais pas sur les lieux au moment des faits, a également été entendu et livre un témoignage troublant sur l’état d’esprit de Julien L. quelques minutes après le drame.
De nouvelles zones d’ombre
Plus d’un an après les faits, l’enquête minutieuse menée par l’IGPN met en lumière de nombreuses zones d’ombre. La personnalité des policiers, leur manière d’appréhender l’interpellation, les secondes fatidiques avant le coup de feu, tout est méticuleusement décortiqué pour tenter de comprendre ce qui a conduit à ce drame.
Les expertises psychiatriques des deux fonctionnaires apportent également un éclairage sur leur profil et leur rapport à la légitimité de l’usage de leur arme. Des éléments qui seront certainement déterminants dans la suite judiciaire de ce dossier sensible.
Une affaire symbole qui cristallise les tensions
Au-delà de l’enquête, l’affaire Nahel est devenue le symbole des tensions entre police et population, particulièrement dans les quartiers populaires. La mort de cet adolescent a entraîné une vague d’émeutes urbaines inédites et ravivé le débat sur les violences policières.
Un an après, les questions restent nombreuses et les plaies ouvertes. L’issue judiciaire de cette affaire cristallisera forcément toutes les attentions tant elle concentre les crispations de notre société.
Alors que la machine judiciaire poursuit son œuvre, l’affaire Nahel continue de secouer l’opinion et d’interroger en profondeur la nature des relations entre forces de l’ordre et citoyens. Un dialogue nécessaire pour espérer apaiser et reconstruire.
