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Affaire Karachi : Nouveau Rebondissement à la Cour d’Appel de Paris

30 ans après l'affaire Karachi, la justice française pourrait faire de nouvelles révélations fracassantes. La cour d'appel de Paris s'apprête à se prononcer sur le sort de six protagonistes clés, soupçonnés d'avoir joué un rôle dans un vaste système de commissions occultes. Des contrats d'armements qui auraient servi à...

L’affaire Karachi, ce scandale politico-financier tentaculaire qui a secoué la France dans les années 90, connaît un nouveau rebondissement. Ce mardi, la cour d’appel de Paris doit en effet se prononcer sur le sort de six hommes soupçonnés d’avoir trempé dans un vaste système de commissions occultes liées à des contrats d’armement avec le Pakistan et l’Arabie saoudite. Des pots-de-vin qui auraient, en partie, servi à financer la campagne présidentielle d’Édouard Balladur en 1995.

Retour sur une affaire d’État hors norme

Pour bien comprendre les enjeux de cette décision très attendue, il faut remonter à 1994. Cette année-là, la France signe d’importants contrats de ventes de frégates, sous-marins et autres équipements militaires avec le Pakistan et l’Arabie saoudite. Des « success fees » – de généreuses commissions – sont alors versées à divers intermédiaires pour faciliter la conclusion de ces juteux marchés.

Mais voilà : une partie de cet argent aurait été secrètement rapatrié en France pour abreuver, via de savants montages offshore, les caisses de la campagne présidentielle d’Édouard Balladur. L’ancien Premier ministre, grand favori de l’élection, sera finalement battu de justesse par Jacques Chirac.

Le rôle trouble des intermédiaires

Au cœur de ce scandale : des intermédiaires douteux gravitant dans les coulisses du pouvoir. Parmi eux, le sulfureux homme d’affaires franco-libanais Ziad Takieddine, qui se serait servi de ses entrées dans les palais pakistanais et saoudiens pour toucher de copieuses commissions. Ou encore l’homme de l’ombre Thierry Gaubert, intime de Nicolas Sarkozy et ex-membre du cabinet du ministre du Budget… Édouard Balladur.

Ces protagonistes ont toujours nié toute malversation, dénonçant un complot politique visant à les faire taire.

– Selon une source proche du dossier

Mais en juin 2020, le tribunal correctionnel en a décidé autrement. Les juges ont estimé que les millions de francs retrouvés en liquide sur les comptes de campagne du Premier ministre étaient bel et bien issus de rétrocommissions illégales. Six prévenus, dont Takieddine et Gaubert, ont alors écopé de lourdes peines de prison.

Balladur blanchi, ses proches condamnés

Fait notable : dans son jugement, le tribunal avait entièrement blanchi Édouard Balladur, estimant que rien ne prouvait qu’il était au courant de ces montages frauduleux. Une clémence qui avait du mal à passer pour les condamnés, bien décidés à faire entendre leur voix en appel.

Trois ans plus tard, les robes noires du palais de justice de Paris vont donc replonger dans les méandres de ce dossier tentaculaire. De nouvelles révélations sont attendues lors des débats, qui s’annoncent âpres et techniques.

Épilogue d’un feuilleton judiciaire

En filigrane, c’est toute une époque qui resurgit. Celle d’une Françafrique triomphante, où les mallettes de billets circulaient sous le manteau pour huiler les rouages de la Vème République. Un système que beaucoup pensaient révolu, et qui pourrait être, trente ans après les faits, définitivement jugé par un tribunal de la République.

Car au-delà des responsabilités individuelles, c’est bien un système opaque de financement de la vie politique qui est sur le banc des accusés. Les juges parviendront-ils cette fois à faire toute la lumière sur ces zones d’ombres ? Réponse dans les prochains jours, avec un arrêt qui s’annonce d’ores et déjà historique.

Les enjeux d’un procès hors norme

  • Établir les responsabilités de chacun dans ce vaste scandale d’État
  • Lever le voile sur les coulisses de la Françafrique et ses méthodes occultes
  • Juger un système opaque de financement politique au plus haut sommet de l’État
  • Tirer les leçons du passé pour assainir la vie publique française

Trente ans après les faits, l’affaire Karachi continue donc de hanter la vie politique française. Au-delà des destins individuels qui se joueront lors de ce procès, c’est une page sombre de notre histoire récente qui pourrait enfin être tournée. Ou, au contraire, s’écrire un nouveau chapitre explosif…

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