Depuis près de trois mois, la cour criminelle du Vaucluse juge une affaire hors norme. Gisèle Pelicot, 68 ans, aurait été droguée puis livrée à plus de cinquante hommes par son ex-mari durant une décennie. Ce lundi 25 novembre, le ministère public a requis de lourdes peines à l’encontre des accusés.
Vingt ans requis contre l’ex-mari, « chef d’orchestre » des viols
Dominique Pelicot, l’ex-époux de Gisèle, est désigné comme le principal responsable du calvaire enduré par la victime. Selon l’accusation, il aurait orchestré ces viols en série entre 2010 et 2020, ciblant des hommes via des petites annonces pour leur proposer des relations tarifées avec sa femme, à son insu. Le parquet a requis vingt ans de réclusion criminelle à son encontre pour « viols aggravés ».
Des réquisitions adaptées au « degré d’implication »
Les peines demandées pour les cinquante autres accusés, âgés de 26 à 71 ans, s’échelonnent de 5 à 17 ans de prison. Le quantum requis dépendrait du « degré d’implication » de chacun selon le ministère public. Ceux ayant commis un seul viol encourent cinq ans quand les «habitués» risquent plus de quinze ans.
« Changer la vision de la société sur la culture du viol »
Au-delà des accusés, c’est toute une « culture du viol » que ce procès entend dénoncer selon les parties civiles. Les avocats de Gisèle Pelicot espèrent que ce dossier contribuera à faire évoluer le regard de la société sur ces crimes. Ils attendent des sanctions à la hauteur de la « lâcheté » des accusés, qui auraient « profité de la vulnérabilité » de la victime.
Gisèle a été traitée comme un objet, une moins que rien. La justice doit être implacable
Me Yves Savatier, avocat de la victime
Une affaire révélée grâce à la ténacité de policiers
C’est la perspicacité de quatre policiers du commissariat de Mazan qui a permis de révéler cette affaire en janvier 2020. Alertés pour des violences conjugales au domicile des Pelicot, ils ont pressenti que Gisèle était victime de quelque chose de plus grave. Leur obstination a permis de libérer la parole de cette femme « sous emprise ».
Sans la détermination de ces policiers, cette affaire n’aurait peut-être jamais vu le jour. Ils ont senti que quelque chose clochait.
Une source proche de l’enquête
Un procès éprouvant pour la victime
Durant ces trois mois d’audience, Gisèle Pelicot a dû affronter ses agresseurs et revivre son calvaire. Malgré l’épreuve, elle s’est exprimée avec courage à plusieurs reprises face à la cour. Son avocate salue sa « détermination à aller jusqu’au bout » pour que ce type de crimes ne restent plus impunis.
Le verdict est attendu d’ici la fin de la semaine, au terme de ce procès fleuve aux enjeux dépassant largement le sort des accusés. L’affaire Pelicot pourrait marquer un tournant dans la lutte contre les violences sexuelles faites aux femmes.