Le procès très médiatisé de cinq rugbymen accusés de viol collectif en 2017 se poursuit à huis clos en France. Mercredi, un coup de théâtre a eu lieu quand le principal accusé, l’Irlandais Denis Coulson, a présenté ses excuses à la victime présumée. Une demande de pardon inattendue qui soulève des questions sur sa sincérité.
Denis Coulson demande « pardon » mais minimise sa responsabilité
Âgé aujourd’hui de 30 ans, Denis Coulson est l’ancien pilier du club de Grenoble. Il est poursuivi pour viol en réunion avec deux autres joueurs : le Néo-Zélandais Rory Grice, 34 ans, et le Français Loïck Jammes, 30 ans. Tous affirment que la jeune femme était consentante lors de cette soirée très arrosée après un match en mars 2017.
Pourtant, mercredi, Denis Coulson a créé la surprise en demandant « pardon » à la plaignante. Selon son avocate Me Corinne Dreyfus-Schmidt, il se sent « une responsabilité » car c’est lui qui a mené la jeune femme dans la chambre d’hôtel. Cependant, l’avocat minimise aussitôt : « En même temps, M. Coulson ne se remet pas tellement en cause ».
Me Anne Cadiot-Feidt, avocate de la victime présumée, est du même avis. Pour elle, Denis Coulson présente des excuses « par rapport à lui », « un petit peu comme pour les enfants ». Des regrets qui semblent donc plus motivés par sa situation personnelle que par une réelle prise de conscience.
Une victime retrouvée nue et en état de choc
Pour rappel, la plaignante avait passé la soirée du 11 mars 2017 avec les rugbymen dans un bar puis une discothèque de Bordeaux, consommant une grande quantité d’alcool. Le lendemain matin, elle s’était réveillée dans une chambre d’hôtel, nue sur un lit, entourée d’hommes nus ou habillés. Choquant détail : une béquille se trouvait dans son vagin.
Malgré ces éléments accablants, les accusés continuent de plaider le consentement. Une ligne de défense difficile à tenir plus de 7 ans après les faits, en l’absence de preuves matérielles. Comme l’explique l’avocate de Denis Coulson : « Il n’y a que des témoignages qui se superposent et on essaie de se raccrocher au peu d’éléments matériels qu’on a ».
Loïck Jammes conteste les actes avec la béquille
Interrogé pendant plus de quatre heures, Loïck Jammes a lui aussi maintenu sa version. Arrivé dans la chambre vers 6h30 du matin après les faits présumés, il affirme n’avoir eu aucun doute sur le consentement de la jeune femme retrouvée nue.
Son avocat Me Denis Dreyfus insiste : « Il a formellement contesté tout acte de pénétration avec une béquille ». L’avocat remet aussi en cause l’expertise médico-légale, « invalidée » par un second expert qui remplaçait la première légiste indisponible. « Sur le plan médico-légal, on ne peut rien démontrer », argumente-t-il, pointant un énième « point d’interrogation » dans ce dossier complexe.
Les « témoins passifs » aussi devant la justice
Deux autres rugbymen comparaissent dans ce procès pour avoir été « témoins passifs » du viol collectif présumé, sans intervenir : l’Irlandais Chris Farrell, 31 ans, et le Néo-Zélandais Dylan Hayes, 40 ans. Leur responsabilité morale sera aussi examinée par le tribunal.
Après dix jours d’audience à huis clos, de nombreuses zones d’ombre persistent donc dans cette affaire hors norme. Les interrogatoires des accusés apportent plus de questions que de réponses claires. Le pardon inattendu de Denis Coulson suffira-t-il à convaincre de sa sincérité ? Le tribunal devra démêler le vrai du faux dans un dossier où la parole de la plaignante s’oppose frontalement aux dénégations des rugbymen, sur fond d’alcool et de mœurs sexuelles débridées. Un procès sous haute tension qui met en lumière les dérives du monde du rugby professionnel.