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Affaire Bétharram : Des décennies d’abus derrière les murs d’un lycée catholique

Scandale à Bétharram : pendant des décennies, des dizaines d'élèves auraient subi des abus sexuels entre les murs de ce collège-lycée catholique. L'institution était-elle au courant ? Que s'est-il réellement passé derrière cette facade respectable ?

C’est un scandale qui secoue actuellement l’Église catholique et la France entière. Le collège-lycée Notre-Dame de Bétharram, un établissement privé catholique réputé des Pyrénées-Atlantiques, est accusé d’avoir couvert pendant près d’un demi-siècle des abus sexuels systémiques perpétrés sur ses élèves. Depuis la première plainte déposée en 2022, les langues se délient et les témoignages glaçants se multiplient, levant le voile sur l’un des secrets les plus sombres de cette institution.

Des victimes brisent le silence

Tout a commencé lorsqu’un ancien élève, aujourd’hui quinquagénaire, a osé porter plainte contre le prêtre qui l’avait agressé sexuellement dans les années 1980 alors qu’il était collégien à Bétharram. Son courage a libéré la parole de dizaines d’autres victimes qui ont à leur tour dénoncé les sévices qu’elles avaient subis, certaines remontant jusqu’aux années 1970.

J’avais 13 ans. Il m’a convoqué dans son bureau, a verrouillé la porte et m’a violé. Je n’ai rien dit par peur et par honte. Cette douleur m’a rongé toute ma vie.

Un ancien élève de Bétharram

Les victimes décrivent un schéma similaire : des prêtres qui profitaient de leur ascendant spirituel pour abuser de la confiance et de l’innocence des élèves, le plus souvent lors de « entretiens » en tête-à-tête. Certaines évoquent aussi des agressions dans les dortoirs la nuit. Beaucoup ont sombré par la suite dans la dépression, l’alcoolisme ou la drogue, incapables de surmonter leur traumatisme.

Une omerta institutionnelle ?

L’une des questions les plus troublantes est de savoir si la direction de l’établissement et la hiérarchie catholique étaient au courant de ces agissements. D’après plusieurs victimes, certains faits auraient été signalés à l’époque, mais étouffés pour préserver la réputation du lycée et de l’Église. Des prêtres accusés auraient aussi été simplement mutés dans d’autres établissements.

Personne ne voulait entendre, personne ne voulait voir. Il y avait une chape de plomb sur Bétharram.

Un parent d’élève

Réactions politiques

Face à l’ampleur du scandale, le gouvernement a diligenté une enquête approfondie et promet des sanctions exemplaires si les faits sont avérés. L’Église catholique, ébranlée, assure qu’elle collaborera pleinement avec la justice et s’engage à faire toute la lumière. Mais pour les victimes meurtries, le chemin de la reconstruction sera long. Elles réclament des excuses, des indemnisations, et des mesures fortes pour que de tels drames ne se reproduisent plus.

L’affaire Bétharram illustre douloureusement les ravages des violences sexuelles sur mineurs et les défaillances d’un système qui a pu les laisser perdurer. Elle soulève aussi la délicate question du rôle et de la responsabilité des institutions religieuses dans la prévention et la dénonciation de tels actes. Au-delà du choc et de l’indignation, ce drame appelle une profonde remise en question pour que plus jamais, le silence ne soit complice de l’inacceptable.

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