Alors que le scandale des violences et abus sexuels au sein du collège-lycée catholique de Bétharram ne cesse de s’amplifier, avec de nouvelles plaintes qui émergent chaque jour, le Premier ministre François Bayrou a dû faire face ce week-end aux représentants du collectif des victimes. Lors d’une rencontre éprouvante, ces derniers lui ont relaté les sévices et agressions qu’ils ont subis pendant des décennies au sein de cet établissement censé les protéger.
Un déferlement de témoignages glaçants
Depuis les premières révélations il y a quelques semaines, c’est un véritable déferlement de témoignages qui s’abat sur ce pensionnat huppé des Pyrénées. Des anciens élèves aujourd’hui âgés de 30 à 70 ans racontent tour à tour les viols, attouchements et autres humiliations qu’ils ont endurés, souvent pendant plusieurs années, de la part de certains prêtres et éducateurs de Bétharram.
J’avais 11 ans, il venait dans le dortoir la nuit. J’ai subi ça pendant 5 ans. Personne ne m’a cru, ni protégé.
témoigne Paul, 52 ans, la voix brisée par l’émotion.
Beaucoup évoquent la loi du silence qui régnait, la toute-puissance des clercs sur des enfants vulnérables et la complicité tacite de la hiérarchie catholique qui aurait couvert ces actes. Face à une telle accumulation d’horreurs, la sidération et l’indignation sont immenses.
Bayrou promet des moyens supplémentaires
Ébranlé par ce qu’il a entendu, François Bayrou a tenté d’apporter des réponses aux victimes. Il a annoncé le détachement de juges d’instruction supplémentaires pour traiter la masse des plaintes qui s’accumulent. Le parquet de Pau est totalement débordé face à l’ampleur que prend ce dossier tentaculaire.
Le chef du gouvernement a également promis de faire toute la lumière sur ce qui s’apparente à un système organisé d’abus, avec sans doute de nombreuses ramifications. Il a assuré que tous les coupables, quelle que soit leur position dans l’Église, seraient poursuivis et condamnés.
L’Église catholique pointée du doigt
Mais au-delà de la réponse judiciaire, c’est tout le fonctionnement de l’institution catholique qui est remis en cause. Comment une telle omerta sur ces crimes a-t-elle pu perdurer aussi longtemps ? Quelles réformes profondes doivent être menées pour que de tels drames ne se reproduisent plus ?
Il faut revoir en profondeur le mode de recrutement et de formation des prêtres, instaurer des contrôles réguliers, casser l’entre-soi et le cléricalisme.
plaide une source proche de l’épiscopat.
L’Église de France, déjà très affaiblie par les multiples affaires de pédocriminalité des dernières années, sait qu’elle joue sa survie dans la gestion de ce nouveau scandale d’ampleur. Les regards sont aussi tournés vers le Vatican, dont la réaction est très attendue.
La pression politique s’accentue sur Bayrou
De son côté, le Premier ministre espère que cette séquence médiatique face aux victimes lui permettra de reprendre la main et de faire retomber la pression politique des derniers jours. Car l’affaire commence à sérieusement écorner son image et sa crédibilité.
Des voix s’élèvent jusque dans son propre camp pour lui reprocher son manque d’anticipation et de réactivité dans ce dossier. Ses opposants l’accusent de vouloir protéger son ami de toujours, l’évêque de Bayonne Marc Aillet, qui dirigeait le collège de Bétharram au moment d’une partie des faits.
Bayrou savait et n’a rien fait. C’est une faute morale et politique majeure. Il doit s’expliquer devant les Français.
attaque un ténor de l’opposition.
Fragilisé, le locataire de Matignon joue très gros dans sa gestion de cette crise sans précédent. Il sait qu’il doit absolument rassurer l’opinion et montrer que l’État est à la hauteur, sous peine de voir sa position sérieusement menacée. Les prochains jours s’annoncent décisifs.
En attendant, l’onde de choc continue de se propager bien au-delà de Bétharram et des Pyrénées. C’est toute la société française qui s’interroge sur les ravages causés par la pédocriminalité dans l’Église et sur les immenses défis qui restent à relever pour protéger efficacement tous les enfants. Un électrochoc salutaire.
