L’affaire des deux rugbymen français Hugo Auradou et Oscar Jegou, accusés de viol lors d’une tournée du XV de France en Argentine en juillet dernier, connaîtra lundi un tournant majeur. La juge en charge du dossier Eleonora Arenas, dont la récusation avait été demandée par la défense de la plaignante, a finalement été confirmée. L’audience d’examen de la demande de non-lieu déposée par les joueurs aura donc bien lieu.
Selon une source proche du dossier, le rejet de la demande de récusation signifie que la procédure va pouvoir suivre son cours normalement. “Nous nous attendons à un très bon résultat lundi, pour que les joueurs puissent vivre en paix”, a déclaré Rafael Cuneo Libarona, avocat argentin des deux Français. Le parquet s’était en effet prononcé en faveur d’un non-lieu dès le mois d’octobre, estimant que l’accusation initiale avait perdu de sa force au fil de l’instruction.
Des versions diamétralement opposées
Depuis le début de l’affaire, les versions de l’accusation et de la défense s’affrontent. La plaignante argentine, âgée de 39 ans, accuse les joueurs de l’avoir violée avec une “violence terrible” dans la nuit du 6 au 7 juillet à Mendoza. De leur côté, Auradou et Jegou affirment que les relations sexuelles étaient consenties et sans violence, dans un contexte certes alcoolisé mais partagé.
Au fil des mois, l’avocate de la plaignante, Natacha Romano, a multiplié les recours contre les magistrats en charge du dossier. En septembre, elle avait déjà demandé sans succès la récusation des deux procureurs, leur reprochant de “juger au lieu d’enquêter”. Sa dernière tentative contre la juge Arenas n’a pas eu plus de réussite.
Inculpés malgré un premier retour en France
Malgré la gravité des faits qui leur sont reprochés, les deux joueurs avaient été autorisés à rentrer en France dès le mois de septembre. Une décision justifiée par le parquet par l’affaiblissement de l’accusation initiale. Pour autant, Auradou et Jegou restent à ce jour inculpés de viol aggravé car en réunion.
Depuis leur retour, les deux rugbymen ont repris la compétition avec leurs clubs respectifs, Auradou dès octobre et Jegou en novembre. Une situation difficile à vivre pour les joueurs selon leur entourage, malgré les soutiens reçus dans le monde du rugby.
Une affaire qui ternit l’image du rugby français
Au-delà du sort judiciaire des deux hommes, c’est toute l’image du rugby français qui souffre de cette affaire sordide. Déjà secoué par d’autres scandales ces dernières années, le milieu de l’ovalie voit sa réputation entachée par ce type de comportements, même s’ils restent très minoritaires.
Le rugby est un sport de valeurs, d’engagement et de respect. Ces actes, s’ils sont avérés, n’ont rien à voir avec ce que prône notre sport au quotidien.
Un ancien international qui a requis l’anonymat
Beaucoup craignent aussi les conséquences de telles dérives sur l’attractivité du rugby, notamment auprès des jeunes et des partenaires. Dans une période déjà compliquée économiquement pour les clubs, ce type d’affaires est vu comme un coup dur supplémentaire à encaisser.
Un jugement très attendu
L’audience de lundi sera donc suivie avec une grande attention par tout le microcosme du rugby français. Au-delà du sort des deux joueurs, c’est tout un sport qui attend de savoir si la justice estimera qu’il y a matière à poursuivre ou non dans cette affaire.
Si la juge Arenas décidait de prononcer un non-lieu, cela permettrait à Auradou et Jegou de tourner la page sur le plan pénal. La plaignante aurait toutefois la possibilité de faire appel de la décision. À l’inverse, si la juge estimait qu’il y a suffisamment d’éléments à charge, les deux Français seraient alors renvoyés devant un tribunal pour y être jugés. Le feuilleton judiciaire serait alors loin d’être terminé.
Dans tous les cas, cette audience de non-lieu apparaît comme un moment clé d’une affaire hors normes. Près de cinq mois après les faits, elle pourrait permettre d’y voir enfin plus clair sur le plan judiciaire. En attendant, c’est tout le rugby français qui retient son souffle.