L’affaire Alexis Kohler connaît un nouveau rebondissement. Fin novembre, la cour d’appel de Paris a rejeté la demande de prescription des faits formulée par le secrétaire général de l’Élysée, poursuivi pour prise illégale d’intérêts. Cette décision pourrait marquer un tournant dans ce dossier sensible qui met en cause l’un des plus proches collaborateurs d’Emmanuel Macron.
Un « pacte de silence » au cœur des accusations
Selon la cour d’appel, un « pacte de silence » aurait permis à Alexis Kohler de dissimuler son lien familial avec les Aponte, propriétaires du groupe de transport maritime MSC. Le secrétaire général de l’Élysée est accusé d’avoir participé, entre 2009 et 2016, à plusieurs décisions concernant MSC alors qu’il était haut fonctionnaire.
Si Alexis Kohler affirme avoir informé sa hiérarchie de ce lien à de nombreuses reprises, la justice estime que cette révélation était « parcellaire » et limitée à un cercle restreint. L’absence d’un dispositif écrit et clair sur son déport des dossiers relatifs à MSC caractériserait, selon la cour, des « actes positifs de dissimulation ».
Une attitude proactive dans les dossiers MSC
L’arrêt de la cour d’appel met également en lumière « l’attitude proactive » d’Alexis Kohler dans les affaires touchant MSC. En tant que représentant de l’Agence des participations de l’État, il aurait siégé à plusieurs conseils d’administration de STX France (devenu Chantiers de l’Atlantique) et des conseils de surveillance du Grand port maritime du Havre, avec des ordres du jour en lien avec MSC.
Au ministère de l’Économie où il a officié de 2012 à 2016, Alexis Kohler aurait aussi reçu des mails et des notes relatives à ces dossiers. Des éléments qui, pour la justice, démontrent son implication active malgré le conflit d’intérêts.
Une affaire embarrassante pour l’exécutif
Si Alexis Kohler a annoncé se pourvoir en cassation, cette affaire reste une épine dans le pied du pouvoir exécutif. Les oppositions réclament avec insistance la démission du secrétaire général de l’Élysée, estimant que son maintien en poste est « une injure à l’institution judiciaire ».
Pour l’heure, l’Élysée affiche son soutien à Alexis Kohler et dénonce une « politisation » du dossier. Mais cette position sera de plus en plus difficile à tenir si la Cour de cassation venait à confirmer la décision de la cour d’appel. Le parquet national financier pourrait alors prendre ses réquisitions, ouvrant la voie à un éventuel procès.
Un collaborateur clé d’Emmanuel Macron dans la tourmente
Figure discrète mais influente, Alexis Kohler est souvent présenté comme le bras droit d’Emmanuel Macron. Il a joué un rôle clé dans l’ascension du président, qu’il a conseillé lors de son passage à Bercy puis à l’Élysée.
Homme de confiance du chef de l’État, il est au cœur du fonctionnement de l’exécutif. Sa mise en examen et les derniers développements judiciaires jettent une ombre sur la présidence et nourrissent les attaques des opposants.
Quelle suite pour l’affaire Kohler ?
Malgré ces remous, Alexis Kohler reste pour l’instant en poste à l’Élysée. Le pourvoi en cassation qu’il a annoncé pourrait retarder l’issue de cette affaire, mais ne l’éteindra pas pour autant.
Si la haute juridiction valide l’analyse de la cour d’appel, l’enquête devrait connaître une accélération avec de possibles mises en examen supplémentaires. Selon des sources judiciaires, les juges d’instruction s’intéressent également aux rôles joués par d’anciens supérieurs hiérarchiques d’Alexis Kohler, notamment à Bercy.
À l’approche de grandes échéances électorales, cette affaire est un caillou dans la chaussure du président Macron. Même s’il n’est pas directement mis en cause, ces développements judiciaires fragilisent l’un de ses plus proches collaborateurs et jettent une ombre sur la transparence au sommet de l’État. Un dossier explosif qui sera suivi de très près dans les prochains mois.