Dimanche en fin d’après-midi, la cité Saint-Martin de Montpellier a été le théâtre d’une scène préoccupante. Lors d’une patrouille de routine, des policiers ont surpris un groupe d’adolescents affairés à une curieuse besogne : la confection de cocktails Molotov. Pas moins de 6 engins incendiaires étaient en cours de préparation. Mais le plus inquiétant reste la cible présumée de ces jeunes : un bureau de vote encore en activité à cette heure.
Des mineurs qui fabriquent des bombes artisanales
Si l’implication de très jeunes individus, quasiment des enfants, dans la confection d’armes par destination est alarmante, le contexte électoral donne une dimension supplémentaire à ces préparatifs. Selon les premiers éléments de l’enquête, le groupe comptait jeter les cocktails Molotov en direction d’un bureau de vote du quartier, qui accueillait encore des électeurs en cette fin de journée du second tour des législatives.
Les forces de l’ordre ont rapidement procédé à l’interpellation des suspects et à la saisie du matériel. Les auditions des mis en cause, âgés de 12 à 16 ans, devraient permettre d’en savoir plus sur leurs motivations exactes et leur éventuel niveau d’organisation.
La crainte de troubles électoraux ravivée
Cet incident intervient alors que la tension était palpable dans certains quartiers sensibles à l’occasion de ce scrutin législatif. La semaine précédente, un bureau de vote d’Asnières-sur-Seine avait dû être évacué suite à des violences. À Nantes, des manifestants anti-RN s’en étaient pris à un appartement, arrachant notamment un drapeau français.
Si les élections se sont globalement déroulées dans le calme, ces événements sporadiques témoignent d’un climat explosif dans les banlieues, où le rejet des institutions et de la classe politique atteint des sommets. Les cocktails Molotov de la cité Saint-Martin en sont une illustration supplémentaire.
De la délinquance du quotidien au risque terroriste
Au-delà des conséquences électorales potentielles, la facilité déconcertante avec laquelle ces mineurs se sont procurés les composants de leurs engins incendiaires interroge. Ces quartiers concentrent une délinquance qui gangrène le quotidien, comme l’illustrent les nombreux cas de mini-motos sillonnant les rues sans casque, ou les rodéos urbains à répétition.
Mais de la petite délinquance à la confection d’armes artisanales, il n’y a qu’un pas que certains jeunes franchissent désormais. Les services antiterroristes s’inquiètent d’ailleurs depuis plusieurs années du risque de voir émerger des terroristes isolés, issus de ces mêmes cités. La capacité à fabriquer des explosifs, même rudimentaires, pourrait alors être mise au service de projets autrement plus meurtriers…
L’urgence d’une réponse pénale ferme
Face à la multiplication des actes de violence impliquant des mineurs de plus en plus jeunes, l’arsenal législatif semble bien limité. Les peines prononcées peinent à être réellement dissuasives, comme en témoigne le nombre de récidivistes parmi les mis en cause, y compris pour des faits graves.
Nos quartiers ont besoin d’une réponse pénale rapide et ferme. Chaque acte délictuel doit être sanctionné de façon certaine et proportionnée. C’est la crédibilité de notre justice qui est en jeu.
– Un officier de police judiciaire
En attendant un durcissement des textes, les forces de sécurité sont confrontées au quotidien à une poudrière sociale qui menace d’exploser à tout moment. Et les cocktails Molotov montpelliérains rappellent que cette menace peut prendre un tour très concret.