C’est un scénario sordide qui s’est déroulé la semaine dernière dans un quartier d’ordinaire paisible de la capitale française. Une adolescente de 15 ans, en fugue, a été découverte séquestrée dans un appartement du 14ème arrondissement de Paris. Son calvaire a pris fin grâce à un appel à l’aide envoyé via l’application Snapchat, qui a alerté sa tante. Celle-ci a immédiatement prévenu la police, permettant l’intervention des forces de l’ordre et l’arrestation de trois hommes suspectés de proxénétisme aggravé sur mineure. Un drame qui soulève de nombreuses questions sur la sécurité de nos adolescents.
Une adolescente piégée en plein Paris
Tout commence dans la nuit de jeudi à vendredi dernier, quand le commissariat de Colombes, dans les Hauts-de-Seine, reçoit une femme indiquant que sa nièce de 15 ans, en fugue, vient de lui envoyer un message alarmant via Snapchat. La jeune fille y précise être retenue contre son gré dans un appartement de la rue d’Alésia, dans le 14ème arrondissement de Paris. Un quartier d’habitude calme et sans histoires, loin des clichés sur l’insécurité de certaines banlieues.
Immédiatement, une brigade d’intervention est dépêchée sur place. Après s’être annoncés à la porte de l’appartement, loué sur Airbnb selon une source proche du dossier, les policiers perçoivent du mouvement à l’intérieur. S’en suivent de longues minutes d’attente, avant que la jeune fille finisse par leur ouvrir. À l’intérieur, un appartement en désordre, mais aucune autre présence. L’adolescente, choquée mais saine et sauve, est prise en charge.
Un mode opératoire inquiétant
Si les détails de l’affaire restent encore flous, les premiers éléments de l’enquête laissent entrevoir un scénario glaçant. La jeune fille aurait été attirée dans cet appartement par un groupe d’hommes, visiblement dans le but de l’exploiter sexuellement. Un mode opératoire malheureusement courant dans les réseaux de proxénétisme, qui n’hésitent pas à s’en prendre aux plus jeunes et vulnérables.
Trois suspects ont été interpellés et placés en garde à vue dans la foulée. Ils sont actuellement interrogés pour proxénétisme aggravé sur mineure de 15 ans. Des chefs d’accusation lourds, qui pourraient déboucher sur des peines allant jusqu’à 20 ans de réclusion criminelle.
Des adolescents en danger, même en fugue
Au-delà du soulagement d’avoir pu secourir cette jeune fille à temps, ce drame vient rappeler la grande vulnérabilité des adolescents en fugue. Loin d’être à l’abri, ils sont au contraire des proies faciles pour les réseaux criminels de tout acabit. Proxénètes, trafiquants de drogue, voleurs… Les exemples ne manquent pas de jeunes fugueurs tombés entre de mauvaises mains.
Un mineur en fugue sur cinq serait victime de violences physiques ou d’exploitation sexuelle.
Chiffres du 119 Allô Enfance En Danger
Face à ce constat alarmant, les associations appellent à renforcer les dispositifs de prévention et d’aide aux jeunes en errance. Une meilleure coordination entre les services sociaux, les forces de l’ordre et le milieu associatif apparaît notamment primordiale pour repérer et secourir au plus vite ces adolescents en perdition.
Snapchat, une application à double tranchant
L’autre enseignement de cette affaire est le rôle crucial qu’a joué Snapchat dans le sauvetage de la victime. C’est en effet grâce à un message envoyé via cette application que sa tante a pu donner l’alerte. Une fonctionnalité qui s’est avérée vitale, mais qui interroge aussi sur les dangers de ce réseau social prisé des adolescents.
Car si Snapchat permet de partager sa localisation avec ses proches, elle peut aussi servir de terrain de chasse pour les prédateurs sexuels. Les messages éphémères et la possibilité de contourner facilement les paramètres de confidentialité en font un outil de choix pour approcher discrètement des mineurs. Un risque dont les parents sont souvent peu conscients.
Une affaire qui doit tous nous alerter
Plus globalement, ce fait divers sordide est l’occasion de nous interroger collectivement sur la protection de nos adolescents. À l’heure où les réseaux sociaux abolissent les frontières entre sphères publique et privée, où la précarité jette chaque année des milliers de mineurs à la rue, le risque n’est plus cantonné aux quartiers dits “sensibles”. Il est partout, y compris au cœur de la capitale.
Pouvoirs publics, forces de l’ordre, parents, enseignants, travailleurs sociaux… C’est bien l’affaire de tous de se mobiliser pour endiguer ce fléau. Car sans une prise de conscience collective et des moyens renforcés, nul doute que ce genre de drame continuera tristement à défrayer la chronique.
