C’est un témoignage qui suscite l’indignation. Jeudi dernier, Anis, un adolescent franco-algérien de 14 ans, aurait été victime d’une agression verbale à caractère raciste à Sotteville-lès-Rouen, en Seine-Maritime. Selon sa mère Marion, son fils se serait fait traiter de “gratteur d’alloc”, une insulte faisant référence à ses origines maghrébines et l’accusant de profiter des aides sociales. Un acte intolérable qui met en lumière la persistance du racisme dans notre société.
“Stigmatisé uniquement sur son apparence”
Pour Marion, cet incident ne laisse aucun doute. Si son fils a été la cible de tels propos, c’est bien en raison de ses origines algériennes héritées de son père. Elle-même se décrit comme “un petit peu typée, un petit peu brune”. Des caractéristiques physiques qui auraient suffi à stigmatiser Anis. “Mon fils a été stigmatisé uniquement sur son apparence”, dénonce-t-elle avec colère et tristesse.
Le choc et l’incompréhension
Face à cette agression, le jeune Anis s’est retrouvé “en état de choc, dans une incompréhension totale” selon les mots de sa mère. Difficile en effet pour un adolescent de saisir les ressorts d’une telle animosité, motivée par le seul fait d’avoir des origines étrangères. Un sentiment partagé par de nombreux jeunes issus de l’immigration, régulièrement confrontés à des remarques déplacées voire franchement racistes.
Ces agressions verbales, souvent banalisées, peuvent avoir un impact dévastateur sur l’estime de soi et le sentiment d’appartenance des jeunes victimes.
Sociologue spécialiste des discriminations
Une mobilisation nécessaire
Suite à cet incident, le collège d’Anis a tenu à exprimer son soutien à l’adolescent et sa famille. Le principal et la conseillère principale d’éducation les ont contactés pour faire part de leur consternation. Les enseignants ont également adressé un courrier collectif au jeune garçon. Une mobilisation saluée par sa mère, qui envisage de porter plainte pour que de tels actes ne restent pas impunis.
De son côté, le Rectorat de l’Académie de Normandie a confirmé qu’un “accompagnement dans la démarche de dépôt de plainte” avait été proposé à la famille. En attendant un éventuel retour d’Anis dans son établissement, une “continuité pédagogique” a été mise en place. Des mesures essentielles pour que l’adolescent ne se sente pas abandonné face à cette épreuve.
Combattre le racisme au quotidien
Au-delà de ce cas individuel, c’est bien la question du racisme dans notre société qui est posée. Malgré les discours et les dispositifs mis en place, force est de constater que les préjugés perdurent, notamment à l’égard des personnes d’origine maghrébine. Une situation inacceptable qui appelle une réaction forte et des actions concrètes :
- Renforcer les programmes de sensibilisation et d’éducation contre le racisme, dès le plus jeune âge
- Encourager la prise de parole des victimes et assurer un accompagnement adapté
- Sanctionner fermement les auteurs d’agressions racistes, verbales comme physiques
- Promouvoir la diversité et l’inclusion dans tous les domaines (éducation, emploi, médias…)
Car c’est bien l’affaire de tous de combattre le fléau du racisme. Chacun à notre niveau, par nos discours et nos actes, nous pouvons contribuer à faire évoluer les mentalités. Pour qu’aucun autre adolescent ne se retrouve dans la situation d’Anis, stigmatisé et blessé en raison de ses origines. Pour construire une société plus juste et fraternelle, débarrassée des préjugés qui la minent.
L’agression dont a été victime Anis est malheureusement loin d’être un cas isolé. Chaque année, de nombreux jeunes subissent des insultes, des moqueries voire des violences physiques en raison de leur couleur de peau, de leur religion ou de leur culture. Un constat alarmant qui doit tous nous pousser à agir, afin que le racisme ne soit plus qu’un triste souvenir et que chacun puisse s’épanouir sereinement, quelles que soient ses origines.