C’est avec une émotion palpable que les habitants d’Alfortville, dans le Val-de-Marne, ont assisté ce dimanche à la destruction de trois immeubles désaffectés de leur quartier. Un spectacle aussi impressionnant que chargé en souvenirs pour les anciens résidents, qui ont vu s’écrouler sous leurs yeux tout un pan de leur vie.
Des détonations qui résonnent dans les mémoires
Aux alentours de midi, de fortes détonations ont retenti dans le ciel d’Alfortville, faisant vibrer les fenêtres alentour. En quelques secondes à peine, trois tours d’une cinquantaine de mètres se sont effondrées sur elles-mêmes dans un immense nuage de poussière, sous le regard ému des riverains.
Pour beaucoup d’entre eux, ces immeubles représentaient bien plus que de simples logements. « J’ai vécu 30 ans ici avec mes parents, confie Lydia, la gorge nouée. C’est triste de voir tout un pan de sa vie partir en fumée comme ça. » À ses côtés, d’autres anciens locataires partagent le même sentiment de nostalgie. « À l’époque, les gens étaient plus proches les uns des autres, regrette Marc. Maintenant, on ne connaît même plus ses voisins. »
Un travail de démolition minutieux
Malgré l’émotion ambiante, la démolition s’est déroulée sans accroc, fruit d’une préparation méticuleuse en amont. Comme l’explique Vincent Olive, responsable chez 4D Démolition, « c’est un travail chirurgical. On place de petites charges d’explosifs à des endroits stratégiques pour que le bâtiment s’effondre exactement là où on le souhaite. » Des piscines et des brumisateurs avaient également été installés pour limiter la propagation des poussières.
Par mesure de sécurité, les 2000 riverains du quartier avaient été évacués pour la matinée, dont 600 avaient été rassemblés au Palais des Sports de la ville. Un déploiement d’envergure, à la hauteur de cet événement marquant pour toute une communauté.
Le visage du quartier va changer
Car au-delà de la dimension émotionnelle, cette démolition est aussi le symbole d’une évolution profonde des politiques d’urbanisme. Construits en masse dans les années 60 pour répondre à l’urgence du logement, ces grands ensembles sont aujourd’hui jugés obsolètes. « À l’époque, on faisait un urbanisme de masse, sans trop se soucier de la qualité de vie, analyse Luc Carvounas, maire d’Alfortville. Aujourd’hui, on veut des petites hauteurs, de la nature en ville. »
D’ici 2027, c’est tout le visage du quartier qui sera transformé, au grand dam de certains anciens locataires nostalgiques mais aussi pour le plus grand bien des générations futures, qui bénéficieront d’un cadre de vie repensé. Une page se tourne à Alfortville, mais le livre des souvenirs, lui, reste grand ouvert dans le cœur des habitants.
C’est tout un pan de notre histoire collective qui disparaît avec ces tours, mais il faut savoir aller de l’avant. Le plus important, c’est de garder les valeurs de solidarité et de partage qui faisaient la force de ces quartiers.
Un ancien résident anonyme
Car au fond, l’âme d’un quartier ne réside pas dans ses murs, mais dans le cœur de ceux qui l’ont fait vivre. Et ça, même les explosifs les plus puissants ne pourront jamais le détruire.