Le géant indien Adani traverse une nouvelle zone de turbulences. Depuis l’inculpation aux États-Unis de son patron et fondateur Gautam Adani dans une affaire de corruption, le conglomérat a vu sa capitalisation boursière s’effondrer de 55 milliards de dollars, a-t-il révélé mercredi dans un communiqué qui dénonce les « comptes-rendus incorrects » des médias.
D’après une source proche du dossier, le milliardaire de 62 ans est soupçonné d’avoir participé au versement de 250 millions de dollars de pots-de-vin à des fonctionnaires indiens afin d’obtenir des marchés dans l’énergie solaire en Inde. L’acte d’accusation du procureur fédéral de Brooklyn met également en cause d’autres dirigeants du groupe ainsi que plusieurs intermédiaires.
Adani nie les accusations de corruption
Face à ces allégations, le groupe Adani n’a pas tardé à riposter, qualifiant les accusations de « sans fondement » et promettant de les contester en justice. Dans son communiqué de mercredi, le conglomérat a tenu à souligner que Gautam Adani lui-même, ainsi que son neveu Sagar Adani et Vneet Jaain, deux dirigeants de sa filiale Adani Green Energy, n’ont « pas été inculpés de corruption » mais uniquement pour des chefs de « fraude » aux règlements boursiers.
Le groupe déplore que la « mauvaise compréhension » de l’acte d’accusation par les médias ait conduit à des « comptes-rendus incorrects et irréfléchis » ayant eu des « répercussions significatives ». Il pointe notamment l’annulation de partenariats au Kenya et le réexamen de projets au Bangladesh et au Sri Lanka. En France, TotalEnergies, qui détient 20% d’Adani Green Energy, a gelé tout nouvel investissement.
Un nouveau scandale qui ébranle l’empire Adani
Cette affaire jette une nouvelle ombre sur l’empire tentaculaire d’Adani, dont les activités vont des mines de charbon aux énergies renouvelables en passant par les ports, aéroports et médias. En 2023 déjà, le groupe avait été secoué par les accusations du fonds activiste américain Hindenburg Research, qui l’avait accusé de « manipulation éhontée » des cours de Bourse et de « fraude comptable sur plusieurs décennies ».
Si Gautam Adani avait démenti en bloc, son entreprise avait vu sa valorisation amputée de plus de 150 milliards de dollars et sa fortune personnelle fondre de 80 milliards. Classé 2ème fortune indienne par Forbes en 2024, l’homme d’affaires réputé proche du Premier ministre Narendra Modi doit désormais affronter de nouvelles turbulences.
L’opposition réclame une enquête parlementaire
En Inde, l’opposition ne compte pas en rester là. Le chef du parti du Congrès, Rahul Gandhi, a exigé « l’arrestation immédiate » de Gautam Adani et l’ouverture d’une enquête parlementaire sur les activités de son groupe. Une demande peu susceptible d’aboutir étant donné les liens présumés entre le magnat et le pouvoir en place.
Adani assure avoir depuis « compensé une grande partie » des pertes boursières liées aux allégations d’Hindenburg Research début 2023. Mais ce nouveau scandale de corruption risque de fragiliser durablement la confiance des investisseurs et partenaires. Le géant indien parviendra-t-il à se relever de cette énième zone de turbulences ? L’avenir le dira, mais l’étau judiciaire semble se resserrer autour de son emblématique et sulfureux patron.
