L’annonce d’un accord entre les différents partis de gauche en vue des prochaines élections législatives anticipées suscite la déception, voire la colère, d’une partie des électeurs de Raphaël Glucksmann. Ces derniers avaient plébiscité la tête de liste Place publique – PS pour son score de 14% aux européennes, se démarquant ainsi clairement de La France insoumise. La pilule de ce « Nouveau Front populaire » dominé par LFI passe mal.
Une alliance vécue comme « une trahison »
« Écœurant », « une trahison » : les mots sont durs dans la bouche des sympathisants de Place publique. Durant toute la campagne des européennes, Raphaël Glucksmann avait martelé ses profondes divergences avec les Insoumis. Elsa, militante parisienne, confie son amertume :
Nous avons voté pour Glucksmann justement parce qu’il incarnait une gauche raisonnable, loin des outrances de Mélenchon. Là, il se rallie à ceux qu’il critiquait hier. C’est incompréhensible !
– Elsa, ex-encartée à Place publique
Beaucoup attendaient avec angoisse l’issue des pourparlers entre formations de gauche, suite à la dissolution surprise de l’Assemblée par Emmanuel Macron au soir des européennes. L’espoir d’une ligne autonome pour la gauche réformiste s’est vite éteint.
LFI grand gagnant des négociations
Car l’accord finalement trouvé, baptisé « Nouveau Front populaire », accorde une nette prédominance à LFI :
- Une large majorité des 577 circonscriptions réservée aux Insoumis
- L’avenir en pointillé des petites formations signataires
- Un programme commun très orienté à gauche
Au sein de Place publique, certains dénoncent un « enterrement de première classe » et un reniement des valeurs défendues durant les européennes. Pour autant, d’autres partisans comprennent le choix cornélien de Glucksmann, qui permet à la gauche d’aborder unie le scrutin législatif décisif.
Quelles perspectives pour la gauche de gouvernement ?
Au-delà de l’amertume légitime, l’heure est aux interrogations pour la gauche dite « raisonnable ». Laminée aux présidentielle et européennes, elle semble plus que jamais sous la coupe des Insoumis :
- Quelle place pour les idées réformistes ?
- Comment exister face à la radicalité de LFI ?
- Quels nouveaux leaders pour porter le flambeau social-démocrate ?
Autant de questions auxquelles il faudra répondre, une fois passée la séquence des législatives. Les déçus du « Nouveau Front populaire » entendent bien continuer le combat pour une gauche de gouvernement qui ne renie pas ses valeurs. Mais la tâche s’annonce ardue.