Un nouveau séisme frappe le milieu cinématographique français. Selon nos informations, un célèbre cinéaste de 80 ans a été convoqué vendredi devant un juge d’instruction parisien en vue d’une éventuelle inculpation pour viols. Cette convocation fait suite à plusieurs plaintes déposées par d’anciennes comédiennes l’accusant d’agressions sexuelles.
Le cinéaste, figure majeure du cinéma d’auteur français, s’est présenté au tribunal vendredi matin accompagné de son avocate. Il avait été placé en garde à vue début juillet à la Brigade de protection des mineurs, en même temps qu’un autre réalisateur également visé par des accusations d’une actrice connue. Si ce dernier a depuis été inculpé pour viols, la garde à vue de l’octogénaire avait dû être levée pour raisons médicales.
Un cinéaste nie en bloc, évoquant un « effet de meute »
Face aux policiers en juillet, le metteur en scène avait notamment été confronté à une personne trans non binaire qui a porté plainte pour trois viols, coups et blessures et violences psychologiques entre 2009 et 2012, en France et en Belgique. Deux autres femmes avaient déposé plainte pour des faits plus anciens semblant prescrits.
Dans un entretien accordé en avril, le réalisateur a vigoureusement contesté ces accusations, assurant n’avoir « jamais promis de rôle à quiconque ni profité de (sa) position pour obtenir des faveurs sexuelles ». Il affirme n’avoir eu que « quelques idylles » en 35 films et dénonce un « effet de meute » à son encontre.
Affaire déclenchée par une actrice connue
C’est la plainte d’une actrice française renommée qui a lancé l’affaire et l’enquête préliminaire visant le cinéaste et un autre réalisateur. Elle accuse le premier de lui avoir « mis les doigts dans la culotte » pendant des essais alors qu’elle était adolescente dans les années 80. Des faits prescrits mais que le metteur en scène conteste en bloc.
Cette comédienne, devenue une figure du mouvement #MeToo en France, a provoqué une déflagration dans le milieu du cinéma avec ses accusations publiques. Ses révélations ont notamment déclenché l’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire dans le secteur cinématographique et audiovisuel.
Cascade d’affaires dans le cinéma français
Le cinéma français est secoué par une série de scandales sexuels ces dernières années. Un autre réalisateur réputé sera bientôt jugé pour agressions sexuelles sur une actrice quand elle était adolescente. Un monstre sacré du 7e art, passé de la gloire à l’opprobre, comparaîtra lui pour agressions sexuelles en mars.
Ces dossiers, comme celui d’un cinéaste oscarisé accusé de viols et condamné aux États-Unis pour des relations sexuelles illégales avec une mineure de 13 ans, ont mis en lumière l’ampleur des violences sexuelles visant les femmes dans l’industrie du cinéma. Ils interviennent dans le sillage de l’affaire Harvey Weinstein qui a ébranlé Hollywood.
Une prise de conscience encore insuffisante ?
Le cinéma français connaît une lente prise de conscience depuis le mouvement #MeToo, amenant des changements comme la mise en place de référents sur les tournages. Mais beaucoup estiment que les mentalités n’évoluent pas assez vite et que le milieu reste marqué par une forte domination masculine, propice aux abus.
« Le cinéma a mis beaucoup de temps à prendre la mesure de la gravité du sujet et n’a pas réagi assez fort et assez vite »
une actrice engagée dans la lutte contre les violences sexuelles.
La multiplication des affaires impliquant des personnalités en vue comme ce cinéaste pourrait cependant accélérer la mutation. L’ouverture d’une enquête judiciaire marque en effet une nouvelle étape dans la reconnaissance de la parole des victimes. Un symbole fort dans un milieu encore marqué par la loi du silence.