À l’aube de l’élection présidentielle américaine, les accusations fusent. Les services de renseignement du pays ont publiquement mis en cause la Russie, l’accusant d’orchestrer des opérations de désinformation dans sept États cruciaux, susceptibles de faire basculer le scrutin. Une révélation qui soulève de nombreuses questions sur l’intégrité du processus électoral et ravive les spectres des interférences russes de 2016.
Les swing states dans le viseur de Moscou
Selon un communiqué conjoint du FBI, de l’ODNI et de la CISA, la Russie serait “activement” impliquée dans des campagnes de désinformation au sein de sept États américains surnommés les swing states ou États pivots. Il s’agit de l’Arizona, du Nevada, de la Géorgie, de la Caroline du Nord, de la Pennsylvanie, du Michigan et du Wisconsin.
Ces États sont déterminants car ils peuvent basculer d’un camp à l’autre et ainsi décider de l’issue du scrutin au suffrage universel indirect. Pour les agences américaines, la Russie représente donc “la menace la plus active” dans ces territoires stratégiques.
Des tentatives pour “inciter à la violence”
Au-delà de la désinformation, les services de renseignement s’alarment du fait que ces opérations russes “risquent d’inciter à la violence, y compris contre des responsables électoraux”. Un climat délétère qui fait écho aux allégations de “triches” et de “fraudes” déjà brandies par certains républicains dans les swing states.
La Russie est la menace la plus active dans ces États américains.
Communiqué du FBI, ODNI et CISA
De fausses vidéos pour semer le doute
Parmi les tentatives de déstabilisation, l’ODNI pointe du doigt une vidéo qui a récemment circulé sur les réseaux sociaux. On y voit une personne affirmer qu’une fraude avec de faux bulletins et des altérations de listes électorales devait favoriser la candidate démocrate Kamala Harris en Arizona.
Cette vidéo, qualifiée de “complètement bidon” par le secrétaire d’État de l’Arizona Adrian Fontes, illustre les efforts russes pour semer le doute et le chaos. Un schéma similaire a été observé en Géorgie, avec une autre vidéo truquée mettant en scène un soi-disant électeur fraudeur.
Moscou rejette les “allégations sans fondement”
Face à ces accusations, la Russie a fermement nié toute ingérence, dénonçant des “allégations sans fondement” et des “calomnies malveillantes”. Le Kremlin assure “respecter la volonté du peuple américain”, comme il l’avait déjà fait en 2016 malgré les soupçons d’interférences.
Mais pour Washington, il ne s’agit pas d’un cas isolé. Tout au long de la campagne, les États-Unis ont régulièrement pointé du doigt la Russie, mais aussi l’Iran, les accusant de mener des opérations de désinformation sur les réseaux sociaux dans le but de provoquer des troubles.
Quelles conséquences pour l’élection ?
À quelques heures d’un scrutin sous haute tension, ces révélations soulèvent de sérieuses inquiétudes quant à l’intégrité de l’élection présidentielle. Si l’ampleur réelle de l’ingérence russe reste difficile à mesurer, elle contribue indéniablement à un climat de défiance et de suspicion.
Les swing states, déjà sous pression, se retrouvent plus que jamais sous les projecteurs. Leur capacité à contrer la désinformation et à garantir un processus électoral transparent sera cruciale pour la légitimité du futur locataire de la Maison Blanche, qu’il s’agisse de Kamala Harris ou de Donald Trump.
Une chose est sûre : dans cette élection aux enjeux colossaux, la menace de l’ingérence étrangère, et tout particulièrement russe, plane comme une ombre inquiétante. Reste à savoir si les garde-fous mis en place par les États et la vigilance des électeurs suffiront à en atténuer les effets. Les prochaines heures s’annoncent décisives pour la démocratie américaine.