Dans un contexte de relations diplomatiques et économiques en pleine évolution, l’Italie et la Libye viennent de franchir une étape majeure. Lors du Forum d’affaires Italie-Libye qui s’est tenu à Tripoli après une décennie d’interruption, les deux pays ont signé une série d’accords bilatéraux d’envergure. Ces ententes portent principalement sur les domaines des investissements et des infrastructures, avec pour objectif de consolider la coopération entre ces deux nations méditerranéennes.
Selon des sources proches du dossier, la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni et le Premier ministre libyen Abdelhamid Dbeibah ont apposé leur signature sur ces accords prometteurs. Cette rencontre au sommet intervient alors que la Libye s’efforce toujours de surmonter les séquelles du conflit et de l’instabilité politique qui ont suivi le soulèvement de 2011 ayant renversé l’ancien régime.
Une bouffée d’oxygène pour l’économie libyenne
Pour le gouvernement libyen reconnu par l’ONU et basé à Tripoli, ces accords représentent une véritable opportunité de redynamiser l’économie nationale. Le Premier ministre Dbeibah a d’ailleurs souligné leur importance en annonçant le retour prochain de la compagnie aérienne italienne ITA Airways sur le sol libyen dès décembre, ainsi que la levée des restrictions de voyage pour les hommes d’affaires italiens.
Parmi les projets phares figurant dans ces accords, on note la reprise du méga-projet d’autoroute côtière qui doit relier sur près de 1800 kilomètres la frontière tunisienne à l’Égypte en longeant le littoral libyen. Cette infrastructure routière d’envergure devrait contribuer à désenclaver certaines régions et stimuler les échanges commerciaux.
Stimuler les investissements et les PME
Au-delà des grands projets d’infrastructure, l’Italie et la Libye ont également signé des accords visant à promouvoir la coopération entre les petites et moyennes entreprises des deux pays. L’objectif est de favoriser les investissements étrangers en instaurant des partenariats entre les banques libyennes et italiennes. Cette approche devrait permettre de dynamiser le tissu économique local et de créer des opportunités pour les entrepreneurs des deux rives de la Méditerranée.
D’autres domaines stratégiques sont concernés par cette série d’accords, notamment la santé, le commerce et les transports. Il faut dire que l’Italie est déjà le premier partenaire commercial de la Libye, avec des échanges ayant dépassé les 10 milliards d’euros en 2022 selon des chiffres officiels.
Le “Plan Mattei” pour l’Afrique
Du côté italien, ces accords s’inscrivent dans le cadre plus large du “Plan Mattei” pour l’Afrique. Cette initiative, nommée en référence à l’industriel italien Enrico Mattei, préconise une approche partenariale avec les pays africains en les aidant à développer leurs ressources naturelles. L’un des objectifs sous-jacents est de réduire la migration irrégulière en provenance d’Afrique en favorisant le développement économique sur place.
La situation géographique de la Libye en fait un point de transit majeur pour de nombreux migrants cherchant à rejoindre l’Europe. Profitant de l’instabilité politique du pays, des passeurs font chaque année émigrer clandestinement des milliers de personnes, principalement originaires de pays africains, qui tentent la périlleuse traversée maritime vers les côtes italiennes distantes d’à peine 300 kilomètres.
Enjeux et perspectives
Si ces accords entre l’Italie et la Libye ouvrent indéniablement de nouvelles perspectives de coopération, leur mise en œuvre effective devra composer avec la réalité politique complexe de la Libye. Le pays demeure profondément divisé entre le gouvernement de Tripoli soutenu par la communauté internationale et une autorité rivale basée dans l’est et appuyée par l’homme fort Khalifa Haftar.
Malgré ces défis, le rapprochement italo-libyen témoigne d’une volonté partagée de tourner la page des années de crise et de construire un avenir commun fondé sur des intérêts convergents. En misant sur le développement économique et les partenariats stratégiques, les deux pays entendent poser les jalons d’une relation durable et mutuellement bénéfique. Un pari audacieux dont l’avenir nous dira s’il est gagnant, mais qui a le mérite d’ouvrir de nouvelles voies pour la coopération euro-méditerranéenne.