C’est un véritable imbroglio diplomatique qui se joue actuellement entre Paris et Bruxelles. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, vient d’annoncer qu’elle n’assistera finalement pas à la très attendue cérémonie de réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris ce samedi 7 décembre.
Un revirement de dernière minute qui n’est pas sans lien avec la polémique qui enfle depuis quelques jours autour de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay). Un accord que la cheffe de l’exécutif européen a finalisé vendredi dernier en Uruguay, au grand dam de la France et de sa classe politique.
L’Élysée crie à l' »humiliation »
Selon des sources proches du dossier, l’Élysée aurait très mal pris le fait qu’Ursula von der Leyen ait signé cet accord dans le dos de la France, alors même que Paris avait clairement exprimé son opposition à ce traité qui inquiète fortement les agriculteurs français.
Nous continuerons de défendre sans relâche notre souveraineté agricole
Un tweet de l’Élysée vendredi matin
Certains parlent même d’une véritable « humiliation » pour Emmanuel Macron. Le président français comptait justement s’entretenir avec Ursula von der Leyen de ce sujet brûlant lors de la cérémonie à Notre-Dame ce samedi, où une cinquantaine de chefs d’État sont attendus.
Von der Leyen renonce à venir à Paris
Mais c’était sans compter sur le rétropédalage express de la présidente de la Commission européenne. Vendredi après-midi, son porte-parole a en effet annoncé qu’elle ne serait finalement pas présente à Paris en raison d’un « problème d’agenda ».
Une explication qui peine à convaincre tant le timing paraît suspect. Beaucoup y voient le signe d’une volonté d’éviter une confrontation directe avec Emmanuel Macron sur ce dossier explosif.
La France isolée en Europe
Cette polémique illustre une nouvelle fois l’isolement de la France sur le dossier du Mercosur. Paris est en effet le seul pays européen à s’opposer frontalement à cet accord, au nom de la défense de son agriculture et de standards environnementaux élevés.
- L’Allemagne, l’Espagne ou encore l’Italie sont favorables à la ratification de ce traité.
- Selon eux, ce serait une opportunité économique majeure pour l’UE.
Mais pour Paris, les contreparties ne sont pas suffisantes, notamment en matière de déforestation de l’Amazonie. La France redoute aussi un afflux massif de produits agricoles sud-américains qui viendraient concurrencer les productions européennes.
Vers une nouvelle crise diplomatique?
Au-delà de ces divergences de fond, c’est bien la méthode employée par Ursula von der Leyen qui suscite l’ire de Paris. Le fait qu’elle ait signé cet accord en catimini, sans en avertir au préalable les autorités françaises, passe très mal.
Certains y voient un véritable camouflet infligé à Emmanuel Macron, à quelques mois de la présidentielle française. Le chef de l’État, qui se veut le chantre d’une « Europe qui protège », voit sa crédibilité sérieusement écornée sur ce dossier.
Son absence remarquée à la réouverture de Notre-Dame, qui devait être un moment de communion européenne, risque encore d’envenimer les relations déjà tendues entre Paris et Bruxelles. Un nouveau bras de fer se profile à l’horizon entre la France et la Commission européenne.
Une situation inextricable qui risque de peser sur les grands dossiers européens des prochains mois, à commencer par la réforme de la PAC ou le Green Deal européen. La présidence française de l’UE au premier semestre 2024 s’annonce d’ores et déjà sous haute tension.