Alors que la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen souhaite accélérer la conclusion de l’accord de libre-échange entre l’Union Européenne et les pays du Mercosur, un front du refus mené par la France se dresse sur son chemin. Retour sur un dossier brûlant qui cristallise de profondes divergences au sein du Vieux Continent.
Bruxelles déterminée à aller de l’avant
Vendredi à Montevideo, lors du 65e sommet du Mercosur réunissant les présidents du Brésil, d’Argentine, d’Uruguay et du Paraguay, Ursula von der Leyen compte bien faire avancer ce traité commercial négocié depuis 1999. Galvanisée par le soutien de l’Allemagne, de l’Espagne et du Brésil, la patronne de l’exécutif européen voit la ligne d’arrivée se rapprocher :
Nous sommes parvenus à un texte d’accord commun. Ne manquent que des détails minimes.
Omar Paganini, ministre uruguayen des Affaires étrangères
L’objectif : finaliser les négociations avant l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier 2025, et ses menaces de guerre commerciale. Cet accord supprimerait la plupart des droits de douane entre les deux blocs, créant un marché de plus de 700 millions de consommateurs.
La fronde des agriculteurs français
Mais c’est sans compter sur l’opposition farouche menée par la France. Emmanuel Macron a rappelé à Mme von der Leyen que le projet d’accord était « inacceptable en l’état » pour Paris. Les agriculteurs français, vent debout, redoutent une concurrence déloyale des produits sud-américains, en particulier brésiliens, et multiplient les actions coup de poing.
Le gouvernement français dénonce les risques pour la souveraineté alimentaire européenne et pointe du doigt les conséquences environnementales, craignant une accélération de la déforestation en Amazonie. Un argument repris par de nombreuses ONG qui jugent le texte « désastreux pour le climat ».
Une ratification compromise
Car même signé, l’accord devra encore être ratifié par au moins 15 États membres représentant 65% de la population de l’UE, puis obtenir une majorité au Parlement européen. Un parcours semé d’embûches, d’autant qu’une minorité de pays peut bloquer le processus.
Après la Pologne fin novembre, l’Italie a rejoint le camp des opposants cette semaine, estimant que « les conditions ne sont pas réunies » sans protections et compensations adéquates pour son agriculture. L’Autriche et les Pays-Bas ont également exprimé des réserves.
Pour torpiller le traité, Paris doit donc rallier à sa cause trois autres États pesant plus de 35% de la population européenne. Un seuil qui semble à portée de main avec les soutiens de Rome et Varsovie. Le feuilleton UE-Mercosur est encore loin d’avoir livré son épilogue.