Près de trois ans après le début de la pandémie de Covid-19, la communauté internationale s’efforce de tirer les leçons de cette crise sanitaire sans précédent. Au cœur des discussions : la nécessité d’un accord mondial pour mieux prévenir et gérer les futures menaces pandémiques. Mais où en sont les négociations ?
Un nouveau cycle de négociations s’achève sans percée majeure
Du 4 au 6 octobre 2024, les représentants des 194 États membres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) se sont réunis à Genève pour le 12e cycle de négociations sur cet accord tant attendu. Malgré des avancées sur certains points, aucune décision majeure n’a été prise sur les questions les plus épineuses.
Lancées en février 2022, ces discussions doivent aboutir à un accord contraignant d’ici mai 2025 au plus tard. L’objectif : combler les lacunes révélées par la pandémie de Covid-19 et renforcer la préparation collective face aux crises sanitaires.
Les points d’accord
Si le champ d’application général du futur traité fait consensus, les détails restent âprement discutés. À ce stade, 17 des 35 articles du projet de texte ont été entièrement approuvés par les États, tandis que 12 sont en grande partie validés. Des avancées encourageantes, mais encore insuffisantes pour sceller un accord.
Les principaux points de divergence
Plusieurs dispositions cristallisent les tensions, à commencer par l’article 4 sur la prévention et la surveillance des pandémies. Celui-ci engagerait les pays à renforcer leurs capacités et à élaborer des plans nationaux couvrant des domaines clés comme la détection précoce des maladies ou encore le contrôle au niveau communautaire. Mais les pays en développement réclament des financements pour y parvenir.
L’article 5, prônant une approche “One Health” (Une seule santé) intégrant les dimensions humaine, animale et environnementale, suscite également des réserves. Aucune partie de cette section n’a été pleinement approuvée à ce jour.
Autre pomme de discorde : l’article 11 sur le transfert de technologie et de savoir-faire pour la production de produits de santé liés à la pandémie. Là où les pays les plus riches souhaitent que cela se fasse sur une base volontaire, d’autres militent pour des engagements contraignants.
Le partage des agents pathogènes et des avantages qui en découlent (vaccins, tests, traitements), prévu à l’article 12, est un autre point d’achoppement majeur. Face au manque de consensus, certains suggèrent de reporter les discussions sur les détails de ce mécanisme.
Enfin, la question de l’accès “sans entrave” aux produits de lutte contre les pandémies, abordée à l’article 13, soulève des débats houleux.
Des négociations à poursuivre d’urgence
Malgré ces divergences persistantes, la volonté de parvenir à un accord semble intacte. Pour le Dr. Mike Ryan, numéro deux de l’OMS, on assiste à “une accélération de la volonté commune” dans cette direction.
“Les questions restantes ne sont pas nombreuses mais cruciales et délicates, nécessitant une prise de décision et de la flexibilité” souligne de son côté la Tanzanie, au nom de 48 pays africains.
Pour tenter de sortir de l’impasse, certains espèrent avancer sur un ou deux articles clés, tandis que d’autres préconisent de s’accorder d’abord sur un cadre général, avant de négocier les détails. L’élection du président américain Donald Trump, hostile à l’OMS, pourrait aussi pousser à accélérer le mouvement.
Quoi qu’il en soit, les négociateurs ont prévu de se retrouver début décembre à Genève. L’idée d’une session extraordinaire de l’Assemblée mondiale de la santé consacrée à cet accord, avant la date butoir de mai 2025, est également envisagée.
Car malgré les difficultés, chacun en est conscient : conclure un tel accord en trois à quatre ans serait un exploit sans précédent. Un défi à la hauteur des enjeux pour protéger l’humanité des prochaines pandémies qui ne manqueront pas de survenir. La course contre la montre est plus que jamais engagée.