L’annonce d’un accord de défense mutuelle entre la Russie et la Corée du Nord a fait l’effet d’un coup de tonnerre dans la communauté internationale, et tout particulièrement au Japon. Le porte-parole du gouvernement nippon, Yoshimasa Hayashi, a exprimé la « grave préoccupation » de son pays face à ce rapprochement stratégique qui pourrait bien redistribuer les cartes en Asie du Nord-Est.
Une alliance « révolutionnaire » selon Poutine
Qualifié de « document véritablement révolutionnaire » par le président russe Vladimir Poutine, cet accord prévoit « une assistance mutuelle en cas d’agression » d’un des deux signataires. Une manière pour Moscou et Pyongyang de renforcer leur partenariat face à ce qu’ils considèrent comme « l’hégémonie » américaine dans la région.
La Russie n’exclut pas pour elle-même une coopération militaro-technique avec la Corée du Nord.
– Vladimir Poutine, président de la Fédération de Russie
Des armes nord-coréennes pour la Russie ?
Ce qui inquiète particulièrement les États-Unis et leurs alliés, c’est la perspective de voir la Corée du Nord fournir des munitions et des missiles à la Russie pour sa guerre en Ukraine. Une hypothèse jugée très crédible au vu du rapprochement continu entre les deux pays, unis dans leur opposition à l’Occident.
M. Hayashi a d’ailleurs souligné que malgré les sanctions de l’ONU, « la Russie s’est procuré des armes et des munitions, y compris des missiles balistiques, auprès de la Corée du Nord et les a utilisés en Ukraine, en violation flagrante des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité ».
Poutine veut « réviser » les sanctions contre Pyongyang
Dans le même temps, Vladimir Poutine estime que les sanctions internationales visant le régime de Kim Jong-un devraient être « révisées », une position jugée « inacceptable » par Tokyo. La levée de ces mesures permettrait en effet à la Corée du Nord de se procurer plus facilement des technologies et composants pour son programme nucléaire et balistique.
Face à cette nouvelle donne géopolitique, le Japon se retrouve en première ligne. Déjà sous la menace directe des missiles nord-coréens, Tokyo doit maintenant composer avec une possible alliance militaire entre ses deux voisins les plus hostiles. Une situation qui risque de tester la solidité de son partenariat de sécurité avec les États-Unis.
Quel impact sur l’équilibre régional ?
Cet accord russo-nord-coréen marque indéniablement un tournant dans les relations internationales en Asie du Nord-Est. Il renforce l’axe Moscou-Pyongyang face au bloc américano-nippon, avec la Chine en position d’arbitre.
- Pour la Corée du Nord, c’est l’occasion de sortir de son isolement et de gagner un précieux soutien face aux pressions internationales.
- La Russie y voit un moyen de renforcer son influence dans la région et de défier la puissance américaine.
- Le Japon craint une course aux armements et une déstabilisation de son environnement stratégique.
Reste à savoir comment la communauté internationale, et notamment le Conseil de sécurité de l’ONU, réagira face à ce nouveau défi lancé au régime de non-prolifération. Car au-delà des inquiétudes japonaises, c’est bien la paix et la sécurité de toute la région qui sont en jeu.
