En matière de lutte contre l’immigration clandestine, le Royaume-Uni vient de franchir un nouveau cap. Londres a annoncé jeudi avoir conclu un « pacte » historique avec l’Irak pour endiguer les flux migratoires illégaux. Une initiative qui intervient alors que les traversées de la Manche sur de petites embarcations atteignent des records.
Un accord bilatéral inédit
D’après une source gouvernementale britannique, cet accord de coopération signé avec Bagdad prévoit notamment :
- Une lutte renforcée contre les réseaux de passeurs opérant entre les deux pays
- Des procédures accélérées pour le retour des migrants irakiens sans titre de séjour valable au Royaume-Uni
- Un soutien financier britannique pour aider les autorités irakiennes dans ces efforts
Il s’agit d’un « signal clair » envoyé aux trafiquants sur la « détermination à agir dans le monde entier pour les traquer », a affirmé la ministre de l’Intérieur Yvette Cooper. Cette dernière s’est rendue mardi à Bagdad pour finaliser ce « pacte » avec son homologue irakien.
Le Royaume-Uni durcit sa politique migratoire
Cet accord avec l’Irak s’inscrit dans la droite ligne de la politique restrictive en matière d’immigration menée par le Royaume-Uni ces dernières années :
- Sous les conservateurs, puis désormais avec les travaillistes, réduire l’immigration est une priorité absolue
- Londres multiplie les initiatives pour s’attaquer aux réseaux de passeurs organisant des traversées clandestines de la Manche
- Des accords ont déjà été signés avec d’autres pays sources ou de transit comme l’Albanie ou des États des Balkans
L’objectif est clair : rendre le Royaume-Uni moins attractif et faciliter les expulsions. Une politique décriée par les associations d’aide aux migrants qui y voient une atteinte au droit d’asile.
Un nombre record de traversées de la Manche
Malgré les efforts de Londres, les chiffres des arrivées par la Manche ne cessent de grimper. Depuis janvier 2024 :
- Plus de 33 500 personnes ont déjà rejoint illégalement les côtes anglaises
- Un chiffre en hausse par rapport au total de 2023, pourtant déjà une année record
- Les migrants viennent surtout d’Afghanistan, d’Iran, du Vietnam, mais aussi plusieurs centaines d’Irak
Une situation qui alarme le gouvernement britannique, confronté à une crise migratoire sans précédent. La conclusion de cet accord avec l’Irak témoigne de sa volonté d’explorer toutes les pistes pour enrayer le phénomène.
Quelle efficacité pour cet accord ?
Si l’initiative est saluée par certains comme un pas dans la bonne direction, d’autres s’interrogent sur son impact réel :
- Les réseaux de passeurs sont extrêmement mobiles et adaptables
- La coopération de Bagdad sera-t-elle suffisante et durable ?
- Quid des autres routes migratoires et nationalités représentées ?
Autant de questions qui restent en suspens alors que le Royaume-Uni cherche par tous les moyens à reprendre le contrôle de ses frontières. Cet accord « historique » avec l’Irak n’est qu’une étape de plus dans une bataille de longue haleine contre l’immigration irrégulière.