Après des tractations difficiles, un accord politique a finalement été trouvé mercredi soir entre la droite, le centre et les sociaux-démocrates au Parlement européen afin d’approuver la nouvelle équipe de la Commission européenne. Cet accord, qui permettra l’entrée en fonction du nouvel exécutif européen présidé par Ursula von der Leyen le 1er décembre, a été laborieusement négocié à Bruxelles.
Des auditions qui divisent les groupes politiques
Du 4 au 12 novembre, les futurs commissaires européens ont été auditionnés par les eurodéputés. Mais l’évaluation de certains ténors de la nouvelle Commission tardait, faisant planer le doute sur un accord. Trois noms cristallisaient les tensions entre groupes politiques :
- L’Espagnole Teresa Ribera, pressentie comme vice-présidente en charge de la Transition écologique et de la Concurrence. La droite du PPE l’accusait d’avoir mal géré les inondations meurtrières dans son pays, attendant ses explications devant le Parlement espagnol avant de donner son feu vert.
- L’Italien Raffaele Fitto, lui aussi potentiel vice-président, chargé de la Cohésion. Son appartenance au parti d’extrême-droite Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni suscitait l’opposition de la gauche et du centre.
- Le Hongrois Oliver Varhelyi, pressenti comme commissaire à la Santé et au Bien-être animal. Ce proche du Premier ministre nationaliste Viktor Orban était également contesté.
La question Fitto divise jusqu’au bout
Le cas de l’Italien Raffaele Fitto a été particulièrement clivant chez les sociaux-démocrates. Jusqu’au bout, les socialistes français ont plaidé en vain pour ne pas sceller d’accord si Fitto conservait son titre de vice-président, en raison de son étiquette d’extrême-droite. Une ligne rouge pour certains, un compromis nécessaire pour d’autres.
C’est une rupture historique et dramatique en raison de l’arrivée d’un représentant de l’extrême droite comme vice-président de la Commission.
Marie Toussaint, eurodéputée écologiste française
La future Commission affaiblie politiquement ?
Si l’accord politique trouvé in extremis permet in fine de valider l’équipe d’Ursula von der Leyen, les profondes divisions exprimées durant le processus pourraient fragiliser la future Commission. Avec un représentant de l’extrême droite italienne comme vice-président et de vives controverses sur d’autres choix, c’est la légitimité politique de ce nouvel exécutif qui semble écornée avant même son entrée en fonction.
Le Parlement européen, qui se prononcera formellement le 27 novembre prochain à Strasbourg, aura un rôle clé de surveillance et de contre-pouvoir vis-à-vis de cette Commission qui s’annonce d’ores et déjà sous pression. Les eurodéputés pourraient se montrer particulièrement intransigeants sur certains dossiers emblématiques comme le Green Deal, le numérique ou les migrations.
Une Commission européenne affaiblie politiquement, c’est aussi le risque d’une Europe qui peine à faire entendre sa voix sur la scène internationale et à peser face aux grandes puissances. À l’heure où l’Union fait face à de nombreux défis, de la crise énergétique à la guerre en Ukraine en passant par la montée des populismes, la question de la solidité de son exécutif sera cruciale pour son avenir.