C’est un appel solennel qu’a lancé le président brésilien Lula ce mardi, au deuxième jour du sommet du G20 à Rio. Un cri du cœur pour que la communauté internationale ne relâche pas ses efforts dans la lutte contre le dérèglement climatique. Car pour Lula, ce combat est tout simplement celui « de la survie ».
Un G20 sous le signe du climat
Dès l’ouverture de la session plénière consacrée au climat, les grands de ce monde ont affiché leur détermination. « L’histoire nous regarde », a martelé le président américain Joe Biden, qualifiant le changement climatique de « plus grande menace existentielle pour l’humanité ». Il faut dire que l’enjeu est de taille. Le G20, qui réunit 19 pays et l’Union européenne, pèse pour 85% du PIB mondial et 80% des émissions de gaz à effet de serre.
Les attentes étaient donc élevées à l’aube de ce sommet à Rio, dernière grande réunion internationale avant le retour à la Maison Blanche de Donald Trump et son climato-scepticisme assumé. D’autant plus que la conférence de l’ONU sur le climat (COP) de Bakou entre dans sa dernière ligne droite.
Un accord historique, malgré tout
Et contre toute attente, le G20 a réussi à accoucher d’un accord. Dans leur déclaration commune publiée lundi soir, les dirigeants s’engagent à coopérer pour taxer « effectivement » les plus fortunés. Le texte souligne aussi « le besoin d’augmenter la finance climatique » et de la porter à « des milliers de milliards de dollars, provenant de toutes les sources », en insistant sur les besoins des pays pauvres.
Certes, certaines ONG estiment que le G20 n’est pas allé assez loin sur la question de savoir qui doit payer. Et il a même reculé sur la sortie des énergies fossiles, ne reprenant pas explicitement la formulation arrachée à la précédente COP.
Lula en chef de file
Mais pour Lula, hors de question de s’arrêter en si bon chemin. « Nous ne pouvons pas repousser à Belem la tâche de Bakou », a-t-il averti, en référence à la COP30 que le Brésil accueillera en 2025 au cœur de la forêt amazonienne. Car même si le Brésil stoppe la déforestation, « l’Amazonie restera menacée si le reste du monde ne remplit pas sa mission de contenir le réchauffement », a-t-il prévenu.
Le président brésilien a ainsi suggéré aux pays développés du G20 d’avancer à 2040 ou 2045 leurs objectifs de neutralité carbone, actuellement fixés à 2050. « Dans la lutte pour la survie, il n’y a pas de place pour le négationnisme et la désinformation », a-t-il conclu, dans ce qui ressemble fort à une pique adressée à Donald Trump.
L’ombre de Trump et de l’Ukraine
Car le retour annoncé de l’ancien président américain inquiète. Lui qui a promis de « forer à tout va » et de faire à nouveau sortir les États-Unis de l’Accord de Paris. Une perspective alarmante quand on sait que les USA sont le deuxième émetteur mondial de CO2 derrière la Chine.
Les militants écologistes, réunis en marge du sommet, ont d’ailleurs mis en garde : « La crise climatique n’attendra pas Donald Trump ». Ils appellent les dirigeants à « agir maintenant et de manière décisive ».
Autre ombre au tableau de ce G20 : la guerre en Ukraine. Malgré les efforts de Lula pour recentrer les débats sur les « pauvres » plutôt que sur les conflits, les tensions Est-Ouest se sont invitées à Rio. Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a ainsi promis une réponse « appropriée » aux tirs ukrainiens de missiles américains ATACMS contre la Russie, y voyant une « nouvelle phase » dans le conflit.
La promesse brésilienne
Malgré ces menaces, Lula veut croire que ce G20 marque un tournant. Et il compte bien surfer sur cette dynamique jusqu’à la COP30 de 2025 au Brésil. Un rendez-vous crucial qui, espère-t-il, concrétisera les engagements pris à Rio.
D’ici là, tous les regards seront tournés vers le géant sud-américain. Car au-delà des discours, c’est bien dans la forêt amazonienne que se jouera une grande partie de l’avenir climatique de la planète. Et Lula en est plus que jamais conscient : « Même si plus aucun arbre n’est arraché, l’Amazonie restera menacée si le reste du monde ne remplit pas sa mission ». Un avertissement qui sonne comme une promesse. Celle d’un Brésil prêt à prendre le leadership de la lutte climatique mondiale.