Dans une avancée majeure pour le secteur énergétique français, le groupe public Orano (anciennement Areva) vient de signer un accord minier d’une portée historique avec la Mongolie. Cet accord, finalisé vendredi à Oulan-Bator, la capitale mongole, ouvre la voie à l’exploitation d’un vaste gisement d’uranium dans le pays d’Asie centrale. Selon les autorités françaises, ce partenariat stratégique permettra de renforcer significativement la souveraineté énergétique de la France dans les décennies à venir.
Un protocole d’accord attendu depuis 2023
Les négociations entre Orano et le gouvernement mongol avaient débuté il y a plus de deux ans, avec la signature d’un protocole d’accord préliminaire en octobre 2023 lors d’une visite d’État du président mongol Ukhnaa Khurelsukh en France. Depuis, les discussions se sont poursuivies pour finaliser les détails de cet accord qui s’annonce d’une ampleur inédite.
Un investissement de plus de 1,5 milliard d’euros
Bien que les détails finaux de l’accord n’aient pas encore été rendus publics, des informations divulguées par le gouvernement mongol l’an dernier laissent entrevoir l’envergure du projet. L’investissement total prévu s’élèverait à 1,6 milliard de dollars (environ 1,55 milliard d’euros), avec une mise initiale de 500 millions de dollars. La production effective du site minier de Zuuvch-Ovoo, où se trouve le gisement, devrait débuter en 2027.
Un accord « historique » selon la France
Lors de la cérémonie de signature à Oulan-Bator, le ministre français délégué chargé du Commerce extérieur, Laurent Saint-Martin, n’a pas manqué de souligner l’importance capitale de cet accord pour les relations franco-mongoles et la sécurité énergétique française :
« Nous signons un accord historique qui donne à notre relation une profondeur et une densité nouvelle. Historique par son ampleur, par sa portée stratégique pour nos deux pays. En contribuant à sécuriser nos approvisionnements énergétiques, cet accord contribuera tout simplement à une meilleure souveraineté de la France. »
– Laurent Saint-Martin, ministre français délégué chargé du Commerce extérieur
Un gisement « majeur » avec 90 000 tonnes de ressources
D’après Orano, le gisement de Zuuvch-Ovoo, découvert par les géologues de l’entreprise dans le sud-ouest de la Mongolie, est qualifié de « majeur ». Il renfermerait environ 90 000 tonnes de ressources en uranium et son exploitation est prévue pour s’étendre sur trois décennies. Les estimations tablent sur une production annuelle d’environ 2 500 tonnes, soit environ un quart de la consommation du parc nucléaire français.
Toutefois, il est important de noter que l’uranium extrait ne sera pas destiné uniquement à la France, Orano ayant d’autres clients qu’EDF, l’exploitant des centrales nucléaires françaises.
La Mongolie, futur acteur majeur de l’uranium
Ce projet ambitieux est développé depuis plusieurs années par Badrakh Energy, une co-entreprise entre Orano et l’entreprise publique mongole MonAtom. Selon Laurent Saint-Martin, le gisement de Zuuvch-Ovoo compte « parmi les 10 plus importants au monde » et « fera de la Mongolie un nouvel acteur majeur du marché mondial de l’uranium ».
Pour la Mongolie, vaste pays enclavé entre la Chine et la Russie, cet accord représente une opportunité de diversifier son économie historiquement basée sur l’agriculture en misant sur les richesses de son sous-sol. Le pays est déjà un grand exportateur de minerais comme le cuivre, le fer et le charbon.
Une présence d’Orano en Mongolie depuis 27 ans
La signature de cet accord intervient alors qu’Orano est présent en Mongolie depuis près de trois décennies à travers ses activités minières. Le groupe affirme y être implanté depuis 27 ans.
Cependant, cette présence n’a pas été exempte de controverses. En décembre dernier, Areva (ancien nom d’Orano) avait accepté de payer une amende de 4,8 millions d’euros pour mettre fin à des poursuites judiciaires à Paris pour des faits de corruption d’agents publics étrangers en Mongolie entre 2013 et 2017. Dans le cadre de cette procédure, Orano Mining s’est engagé à mettre en place un programme de mise en conformité de 1,5 million d’euros maximum sur trois ans, sous le contrôle de l’Agence française anticorruption (AFA).
Un projet d’envergure pour sécuriser l’approvisionnement en uranium de la France
Malgré ces zones d’ombre, l’accord signé vendredi marque indéniablement un tournant dans les relations franco-mongoles et ouvre de nouvelles perspectives pour la sécurité énergétique de la France. Avec un projet d’une telle envergure, prévu pour s’étendre sur 40 ans, la France s’assure un approvisionnement fiable et durable en uranium, un élément clé pour son industrie nucléaire.
Reste à voir comment ce partenariat se concrétisera dans les années à venir et quels en seront les bénéfices réels pour les deux pays. Une chose est sûre : avec cet accord historique, la France et la Mongolie s’engagent dans une coopération de long terme qui pourrait bien redéfinir la donne sur le marché mondial de l’uranium.