Un accord historique vient d’être conclu entre Israël et le Hamas, le mouvement islamiste palestinien au pouvoir dans la bande de Gaza. Aux termes de cet accord, Israël devrait libérer six otages détenus à Gaza samedi prochain, en échange de la restitution jeudi par le Hamas des corps de quatre captifs, parmi lesquels figureraient selon le groupe les corps de deux jeunes enfants israéliens et de leur mère.
Cette annonce marque une avancée sans précédent dans les relations entre les deux parties, engagées dans un conflit sanglant depuis plus de 15 mois. L’offensive israélienne lancée en octobre 2023 en représailles à l’attaque du Hamas a fait plus de 49 000 morts, en grande majorité des civils palestiniens. Du côté israélien, le bilan s’élève à 1211 morts, principalement des civils.
Une lueur d’espoir pour les familles des otages
Parmi les six otages qui doivent être libérés samedi figurent Eliya Cohen, Tal Shoham, Omer Shem Tov, Omer Wenkert, Hicham al-Sayed et Avera Mengistu. Leur libération était l’une des conditions posées par le Hamas pour accepter un cessez-le-feu durable.
La famille de Tal Shoham a exprimé un espoir prudent : « Bien que nous ayons bon espoir, nous restons prudents et prions pour que Tal revienne sain et sauf », ont-ils déclaré. Au total, 70 Israéliens sont encore retenus en otage à Gaza, dont au moins 35 seraient décédés selon l’armée israélienne.
Le sort tragique de la famille Bibas
Mais c’est surtout le sort de la famille Bibas qui suscite une vive émotion en Israël. Shiri Bibas et ses deux jeunes enfants, Ariel (5 ans) et Kfir (2 ans), avaient été enlevés avec leur père Yarden lors de l’attaque du kibboutz Nir Oz le 7 octobre 2023. Les images déchirantes de la mère serrant ses petits contre elle avaient marqué les esprits.
Yarden Bibas avait été libéré séparément le 1er février. Mais ce mardi, le Hamas a annoncé que les corps qui seront rendus jeudi comprendraient ceux de Shiri et de ses deux enfants. Une annonce dévastatrice pour la famille, qui dit n’avoir reçu aucune « confirmation officielle » de leur mort.
Nous avons été chamboulés par l’annonce du Hamas sur le retour prévu de nos chers Shiri, Ariel et Kfir. Tant que nous n’aurons pas de confirmation irréfutable, notre combat continuera.
La famille Bibas
Un accord en plusieurs étapes
Cet échange de prisonniers et de dépouilles s’inscrit dans le cadre d’un accord plus large conclu sous l’égide de l’Égypte et du Qatar. Après un cessez-le-feu fragile entré en vigueur le 19 janvier, les négociations doivent se poursuivre pour parvenir à une trêve durable.
- La 1ère phase, qui s’achève le 1er mars, prévoit la libération de 33 otages israéliens (dont 8 sont morts) contre 1900 Palestiniens détenus par Israël.
- La 2e phase vise la libération de tous les otages et la fin définitive de la guerre.
- La 3e phase sera consacrée à la reconstruction de Gaza, en ruines après les bombardements.
Israël exige une démilitarisation totale de la bande de Gaza, ce qui promet des négociations ardues. Le Qatar, médiateur, a souligné que l’avenir de Gaza restait « une question palestinienne ».
Un plan de paix américain controversé
En parallèle de ces tractations, le plan de paix américain présenté par Donald Trump suscite la polémique. Il prévoit de placer Gaza sous contrôle américain et d’en expulser les 2,4 millions d’habitants pour reconstruire le territoire. Ce projet, salué par Israël mais rejeté par les Palestiniens, fera l’objet d’un sommet arabe extraordinaire en mars.
Israël a d’ores et déjà créé une agence spéciale pour organiser le « départ volontaire » des Gazaouis, une mesure très controversée. Dans le même temps, le pays accuse le Hamas de bloquer l’entrée d’aide humanitaire et de matériel de reconstruction à Gaza.
Un long chemin vers la paix
Si cet accord d’échange de prisonniers et de corps marque une étape importante, le chemin vers une paix durable entre Israéliens et Palestiniens reste semé d’embûches. Les questions du statut de Jérusalem, des frontières, des colonies et du droit au retour des réfugiés palestiniens demeurent des points d’achoppement majeurs.
Mais dans l’immédiat, c’est le sort des otages et de leurs familles qui retient toutes les attentions. Leur libération, si elle se confirme, apportera un peu de réconfort après des mois d’angoisse et de deuil. Un premier pas fragile vers l’apaisement, dans une région meurtrie par des décennies de conflit.