Au cœur des conflits qui embrasent le Proche-Orient, un accord historique vient d’être conclu entre les frères ennemis palestiniens, le Hamas et le Fatah. Selon des sources proches des négociations au Caire, les deux mouvements se sont entendus pour former un comité commun chargé d’administrer la bande de Gaza, cette enclave palestinienne dévastée par la dernière guerre avec Israël.
Un premier pas vers la réconciliation palestinienne ?
Cet accord, qui doit encore être validé par un décret du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, prévoit la création d’un comité de 10 à 15 personnalités indépendantes. Celui-ci aura autorité sur toutes les questions relatives à l’aide humanitaire, à la reconstruction, à l’éducation, à la santé et à l’économie à Gaza.
Pour beaucoup d’observateurs, il s’agit d’une avancée majeure dans le processus de réconciliation entre le Hamas, qui contrôle Gaza depuis 2007, et le Fatah qui dirige l’Autorité palestinienne en Cisjordanie. Les deux mouvements sont à couteaux tirés depuis la prise de pouvoir du Hamas il y a 15 ans.
C’est un premier pas important vers l’unité. Mais le chemin est encore long pour réparer les profondes divisions palestiniennes.
– Un analyste proche du dossier
Quel impact sur le terrain à Gaza ?
Sur le terrain, la population de Gaza espère que cet accord permettra d’améliorer ses conditions de vie catastrophiques. Sous blocus israélien depuis 15 ans, affaiblie par les guerres à répétition, l’enclave fait face à une grave crise humanitaire, avec un taux de chômage avoisinant les 50%, des pénuries chroniques d’eau, d’électricité et de médicaments.
Le comité conjoint devra relever le défi titanesque de la reconstruction, alors que les dégâts causés par les derniers bombardements israéliens se chiffrent en milliards de dollars. Il devra aussi gérer la réouverture des points de passage avec Israël et l’Égypte, essentiels pour l’approvisionnement de Gaza.
Israël sceptique et menaçant envers le Liban
Du côté israélien, cet accord est accueilli avec méfiance. Le gouvernement craint qu’il ne renforce le Hamas et sa mainmise sur Gaza. Dans le même temps, Israël a averti le Liban que le « prix à payer sera terrible » si le cessez-le-feu conclu le 27 novembre avec le Hezbollah n’est pas respecté.
Si nous repartons en guerre, nous agirons avec plus de force encore et pénétrerons plus en profondeur au Liban.
– Israël Katz, ministre israélien de la Défense
Selon lui, il n’y aura « plus d’immunité pour l’État libanais » et Israël ne fera plus de « distinction entre le Liban et le Hezbollah ». Des propos qui font craindre un embrasement régional en cas de nouvelle confrontation.
Les défis de la paix au Proche-Orient
Au final, l’accord entre le Hamas et le Fatah est un fragile rayon d’espoir dans un Proche-Orient plus que jamais sur le fil du rasoir. Résoudre l’équation gazaouie est certes crucial, mais ne suffira pas à ramener la paix.
Le processus de paix israélo-palestinien reste dans l’impasse, miné par la colonisation, les violences et l’absence de perspective politique. La réconciliation inter-palestinienne est une condition nécessaire mais pas suffisante pour le relancer.
De même, la stabilité régionale est menacée par les tensions persistantes entre Israël et le Hezbollah libanais, les deux ennemis jurés. Le moindre incident à la frontière pourrait dégénérer en guerre ouverte.
Face à ces périls, la communauté internationale semble impuissante, enlisée dans ses divisions et ses calculs géopolitiques. Seule une action diplomatique d’envergure, basée sur le droit international et impliquant tous les acteurs, pourrait sortir le Proche-Orient du cercle infernal de la violence. Mais en a-t-elle vraiment la volonté ?