Un accord a été trouvé entre le géant pétrolier Shell et l’ONG environnementale Greenpeace pour mettre un terme à une procédure judiciaire qui faisait suite à une action militante menée l’an dernier en pleine mer. Six militants de Greenpeace étaient montés à deux reprises sur un navire transportant une plateforme destinée à étendre un champ pétro-gazier en Écosse, restant à bord plusieurs jours.
Une procédure judiciaire dénoncée comme une « intimidation »
La procédure intentée par Shell faisait initialement planer le risque de plus de 8 millions de dollars de compensation et des frais juridiques importants pour Greenpeace. L’ONG a vivement protesté contre ce qu’elle qualifie « d’intimidation ».
Dans le cadre de l’accord trouvé, les militants ne reconnaissent aucune responsabilité et ne verseront pas d’argent à Shell. Ils ont en revanche accepté de ne pas manifester pendant 5 ou 10 ans sur quatre sites offshore de Shell en mer du Nord, principalement des champs en déclin où Greenpeace n’avait de toute façon pas l’intention de mener des actions.
Un don à un organisme de sauvetage en mer
Les militants feront également un don de 300 000 livres (364 000 euros) à la Royal National Lifeboat Institution (RNLI), un organisme caritatif dédié au sauvetage en mer. Pour Shell, il s’agit d’une manière de reconnaître que la principale préoccupation du groupe concernant l’action de Greenpeace était le risque sérieux qu’elle représentait pour la sécurité en mer.
Greenpeace déterminé à continuer sa lutte contre les combustibles fossiles
Malgré cet accord, Greenpeace assure qu’il ne cessera pas de militer tant que l’industrie des combustibles fossiles n’arrêtera pas ses forages et ne commencera pas à payer pour les dommages causés aux populations et à la planète. Le message est clair : ce n’est qu’une trêve dans la bataille contre les énergies fossiles.
Nous ne cesserons pas de faire campagne tant que l’industrie des combustibles fossiles n’arrêtera pas de forer et ne commencera pas à payer pour les dommages qu’elle cause aux populations et à la planète.
– Areeba Hamid, responsable de Greenpeace UK
Cet épisode illustre la détermination de Greenpeace à s’opposer par des actions directes et spectaculaires aux projets des géants pétroliers et gaziers, quitte à franchir les limites de la légalité. Mais il montre aussi que ces derniers n’hésitent pas à engager de lourdes poursuites judiciaires pour tenter de décourager ce type d’action militante.
Un conflit appelé à se prolonger
Au final, si un accord a permis cette fois-ci de désamorcer le conflit, la question de fond qui oppose les défenseurs de l’environnement à l’industrie des hydrocarbures est loin d’être réglée. Au contraire, elle s’annonce comme l’un des combats majeurs des prochaines années dans un contexte d’urgence climatique de plus en plus pressante.
Alors que de nombreux pays et entreprises se sont engagés à atteindre la neutralité carbone d’ici le milieu du siècle, les géants pétroliers et gaziers sont pointés du doigt pour la lenteur de leur transition énergétique. Des organisations comme Greenpeace entendent bien maintenir la pression pour accélérer le mouvement, quitte à recourir à des actions coup de poing.
En face, les grands acteurs des énergies fossiles, dont les profits restent considérables, semblent décidés à défendre leurs intérêts bec et ongles, y compris devant les tribunaux. La bataille promet donc d’être longue et acharnée, avec des épisodes comme celui opposant Shell à Greenpeace qui risquent fort de se reproduire.