C’est un accord qui pourrait changer la donne dans l’est de la République démocratique du Congo. Ce dimanche, lors du sommet de Luanda, les présidents congolais Félix Tshisekedi et rwandais Paul Kagame pourraient finaliser un accord crucial visant à ramener la paix et la stabilité dans cette région déchirée par des décennies de violences. Selon des sources gouvernementales, les équipes des deux pays travaillent d’arrache-pied pour aboutir à un compromis.
Les enjeux clés de l’accord
Cet accord, dont l’intitulé provisoire est « Accord pour le rétablissement de la paix et de la stabilité dans l’est de la RDC », avait été initialement proposé à la mi-août par le président angolais Joao Lourenço, médiateur désigné par l’Union africaine dans ce conflit frontalier complexe. Depuis, des responsables militaires et diplomatiques des deux pays se sont rencontrés à plusieurs reprises pour établir un plan d’action concret.
Neutralisation des groupes armés
Un des points clés du projet d’accord est la neutralisation des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), une demande de longue date du Rwanda. En contrepartie, Kinshasa attend du Rwanda qu’il lève ses « mesures défensives » et retire ses troupes présentes sur le sol congolais.
Fin novembre, un document détaillé avait déjà établi les modalités de ce retrait rwandais et de la neutralisation des FDLR par l’armée congolaise, le tout devant s’effectuer sous 90 jours. Mais un point particulier reste en suspens selon le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe :
Le Rwanda demande un engagement ferme de la RDC à reprendre des pourparlers directs avec le M23 dans un cadre et des délais bien définis, sans quoi rien ne serait réglé. La solution militaire seule ne suffit pas.
Le rôle du groupe armé M23
Le « Mouvement du 23 mars » ou M23 est un groupe rebelle soutenu par le Rwanda. Depuis novembre 2021, il a pris le contrôle de vastes territoires dans l’est de la RDC, une région riche en minerais mais gangrenée par les violences. Pour Kinshasa, pas de doute, « le M23 n’existe que parce que les rebelles ont un soutien militaire rwandais ». Un responsable gouvernemental congolais l’affirme :
Si Kigali est de bonne foi dans les négociations et sur sa promesse de retirer ses troupes du sol congolais, le conflit s’arrêtera avec le M23, en même temps qu’il s’arrêtera avec le Rwanda.
Selon une source proche du dossier, la RDC aurait donné son accord de principe pour dialoguer avec le M23, mais dans le cadre du processus de Nairobi, mené en parallèle sous médiation kenyane. Un responsable congolais insiste : « La question du M23 n’est pas une question congolo-congolaise dès lors qu’il a été créé, financé et entretenu par le Rwanda ».
Vers la signature d’un accord historique ?
Malgré ces divergences, l’espoir d’un accord dimanche est réel. Une source gouvernementale congolaise le confirme : « Il y a une volonté d’aller vers la signature d’un accord dimanche à Luanda ». Si un compromis est trouvé, il marquera une étape décisive vers la résolution de ce conflit qui empoisonne la région depuis des années.
Mais la route vers une paix durable est encore longue. Au-delà des engagements sur le papier, tout se jouera sur le terrain, dans l’application concrète des mesures promises. Le retrait effectif des troupes rwandaises, la neutralisation des groupes armés, le dialogue entre Kinshasa et les rebelles du M23… Autant de défis à relever pour que l’est de la RDC puisse enfin tourner la page de la violence et se reconstruire.
Les prochains jours seront donc cruciaux. Le monde entier aura les yeux rivés sur Luanda, espérant que ce sommet sera celui de la paix retrouvée. Un espoir porté par les peuples congolais et rwandais, premières victimes de ce conflit qui n’a que trop duré.