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Accord Eau USA-Mexique : Trump Gagne, le Texas Sauvé ?

Le Mexique vient de céder : 250 millions de m³ d’eau dès la semaine prochaine pour le Texas. Trump avait menacé de taxes à 5 %. Accord signé… mais la présidente Sheinbaum prévient qu’un nouveau retard reste possible. La crise est-elle vraiment terminée ?

Imaginez un fleuve qui, depuis 80 ans, décide du sort de millions d’agriculteurs des deux côtés d’une frontière. Un fleuve dont chaque goutte peut déclencher une guerre commerciale… ou la désamorcer. Vendredi soir, Washington a annoncé qu’un accord venait d’être trouvé avec Mexico sur ce précieux trésor : l’eau.

Un conflit hydrique qui couvait depuis cinq ans

Le traité de 1944 est clair comme de l’eau de roche (quand il y en a). Les États-Unis doivent livrer chaque année 1,85 milliard de mètres cubes d’eau du fleuve Colorado au Mexique. En échange, le Mexique s’engage à fournir 432 millions de mètres cubes pris dans le Rio Bravo (Rio Grande pour les Américains) tous les cinq ans.

Problème : Mexico traîne un retard colossal. Selon les chiffres américains, plus d’un milliard de mètres cubes manquent à l’appel sur les cinq dernières années. Conséquence directe : les champs de coton, les vergers et les élevages du sud du Texas suffoquent.

Donald Trump, jamais le dernier pour transformer une crise en levier, avait brandi la menace lourde : 5 % de taxes douanières sur absolument tous les produits mexicains si l’eau ne coulait pas rapidement vers le nord.

L’accord du vendredi soir : les détails qui changent tout

Le ministère américain de l’Agriculture a été très précis dans son communiqué. Le Mexique s’engage à :

  • Livrer 250 millions de mètres cubes dès la semaine prochaine
  • Rattraper le déficit accumulé du cycle précédent
  • Respecter les obligations du cycle actuel

Brooke Rollins, la ministre de l’Agriculture, n’a pas caché sa satisfaction : « Le Mexique a livré plus d’eau en un an que lors des quatre années précédentes réunies. » Un chiffre qui donne le tournis quand on sait à quel point chaque goutte compte dans cette région semi-aride.

Cette entente est un pas dans la bonne direction mais le président Trump a été très clair : si le Mexique continue de faire défaut, les États-Unis imposeront des taxes de 5 % sur tous les produits mexicains.

Communiqué du ministère américain de l’Agriculture

Pourquoi le Mexique a-t-il autant tardé ?

Claudia Sheinbaum, la nouvelle présidente mexicaine, ne nie pas le retard. Mais elle pointe une réalité brutale : une sécheresse exceptionnelle en 2022 et 2023 a vidé les barrages du nord du pays. Les grands réservoirs comme La Boquilla ou El Cuchillo sont tombés à des niveaux historiquement bas.

Le sous-secrétaire Roberto Velasco l’a répété : « Nous avons la ferme intention de respecter le traité, mais les infrastructures actuelles ne permettent pas de transférer des centaines de millions de mètres cubes en quelques semaines. »

En clair : même avec la meilleure volonté du monde, ouvrir les vannes à fond risquerait d’inonder des villes mexicaines en aval ou de priver des millions de Mexicains d’eau potable.

Le Texas respire… provisoirement

Du côté américain, les agriculteurs du Valle del Rio Grande retiennent leur souffle depuis des mois. Les canaux d’irrigation étaient à sec, les cultures de sorgho et de canne à sucre ont souffert, les éleveurs ont dû vendre une partie de leurs troupeaux faute d’eau pour les abreuver.

L’arrivée annoncée de 250 millions de mètres cubes change la donne pour la saison en cours. C’est assez pour sauver une grande partie des récoltes d’hiver et remplir les réservoirs Falcon et Amistad qui étaient dangereusement bas.

Mais beaucoup restent prudents. « On a déjà vu des promesses mexicaines… » confie un producteur de pamplemousses de Mission, Texas. L’accord ne couvre pas encore la totalité du déficit accumulé, et rien ne garantit que le prochain cycle (2025-2030) sera mieux respecté.

Un précédent diplomatique lourd de sens

Ce bras de fer hydraulique n’est pas anodin. Il montre à quel point l’eau devient une arme géopolitique dans une région où le changement climatique accentue déjà les tensions.

Donald Trump a démontré, une nouvelle fois, que la menace tarifaire reste son outil favori pour obtenir gain de cause, même avant d’être officiellement de retour à la Maison Blanche. Le message est clair : les traités anciens doivent être respectés, point final.

Pour Claudia Sheinbaum, qui vient à peine de prendre ses fonctions, cet accord est une première victoire diplomatique… mais aussi un avertissement. Washington ne plaisante plus avec ses intérêts agricoles.

Et maintenant ? Les discussions continuent jusqu’à janvier

L’accord annoncé vendredi n’est qu’une étape. Les deux pays ont jusqu’à la fin janvier pour finaliser un plan définitif de rattrapage du retard et éviter une nouvelle crise en 2030.

Parmi les pistes sur la table :

  1. Modernisation des infrastructures de transfert côté mexicain
  2. Investissements communs dans des barrages et des canaux
  3. Mécanismes de compensation en cas de nouvelle sécheresse
  4. Éventuelle révision du traité de 1944 pour tenir compte du changement climatique

Une chose est sûre : l’eau du Rio Bravo continuera de couler… et avec elle, les relations entre les deux voisins les plus interconnectés du continent.

Car au-delà des chiffres et des menaces, c’est toute une région qui retient son souffle à chaque saison sèche. Et tant que le climat et diplomatie ne trouveront pas un équilibre durable, chaque goutte restera une petite victoire… ou une grande menace.

L’eau n’a pas de frontière, mais ceux qui la contrôlent, si.

À suivre de très près dans les prochains mois. Le Texas a gagné une bataille. La guerre de l’eau, elle, est loin d’être terminée.

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