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Accord douloureux au Parlement européen pour la Commission

Un accord dans la douleur a été trouvé au Parlement européen pour approuver la nouvelle Commission européenne, non sans divisions jusqu'au bout sur l'attribution d'une vice-présidence à un membre de l'extrême droite italienne. Le vote final aura lieu le 27 novembre, pour une entrée en fonction le 1er décembre, mais...

Après de difficiles tractations, un accord a finalement été trouvé mercredi soir au Parlement européen à Bruxelles entre les principaux groupes politiques – la droite, le centre et les sociaux-démocrates – afin d’approuver la nouvelle équipe de la Commission européenne. Cet accord intervient malgré l’attribution controversée d’une vice-présidence à un membre de l’extrême droite italienne, une première à ce niveau de responsabilité dans l’exécutif européen.

Le vote final des eurodéputés sur la nouvelle Commission, qui sera présidée par l’Allemande Ursula von der Leyen, aura lieu le 27 novembre lors de la session plénière à Strasbourg. En cas de feu vert, la nouvelle équipe pourra alors entrer en fonction le 1er décembre pour un mandat de 5 ans. Mais l’accord de mercredi soir laisse un goût amer à certains parlementaires.

Divisions jusqu’au bout sur le cas Fitto

Selon des sources proches des négociations, les groupes du PPE (droite), de Renew (centre) et des sociaux-démocrates ont accepté de soutenir l’ensemble des 27 commissaires européens proposés, y compris l’Italien Raffaele Fitto, membre du parti d’extrême droite Fratelli d’Italia. Ce dernier a été choisi pour occuper une vice-présidence à la Cohésion des territoires.

Mais cette décision n’a pas fait l’unanimité, en particulier au sein du groupe social-démocrate. Jusqu’au bout, des voix se sont élevées, notamment celles des socialistes français, pour s’opposer à ce que M. Fitto conserve son titre de vice-président au vu de son appartenance politique. Ces derniers ont plaidé en vain pour ne pas sceller d’accord si l’Italien était maintenu à ce poste.

Appel à défendre les “valeurs” européennes

Malgré ces tensions, la volonté d’avancer l’a emporté afin d’éviter un flottement préjudiciable à Bruxelles, dans un contexte international marqué par l’élection de Donald Trump aux États-Unis qui appelle une voix européenne forte et unie sur la scène mondiale.

Dans le texte de leur accord, les trois groupes politiques affirment leur engagement à “travailler ensemble” et à défendre les “valeurs” fondamentales de l’Union européenne. Un engagement notamment réclamé par la gauche et le centre, après avoir reproché à plusieurs reprises à la droite du PPE de mêler ses voix à celles de l’extrême droite au Parlement depuis le début de la législature.

Trois commissaires suscitaient le blocage

Si le Parlement avait achevé dès le 12 novembre les auditions des 27 futurs commissaires, trois noms cristallisaient les réticences et ont retardé l’évaluation finale : outre M. Fitto, l’Espagnole Teresa Ribera pressentie à la Transition écologique et à la Concurrence, et le Hongrois Oliver Varhelyi, pour la Santé et le Bien-être animal.

Concernant M. Varhelyi, l’accord prévoit de retirer de son portefeuille les questions de santé reproductive et sexuelle, après les critiques sur son manque d’empressement à répondre aux interrogations des députés sur l’accès des femmes à l’avortement ou les droits LGBT+.

Quant à Teresa Ribera, la droite mettait en cause sa gestion des inondations meurtrières dans son pays lorsqu’elle était ministre. Le PPE a attendu ses explications mercredi devant le Parlement espagnol avant de donner son feu vert.

Rupture historique et dramatique pour certains

Pour Marie Toussaint, eurodéputée écologiste française, les tractations politiques ont neutralisé l’exercice des auditions. L’accord de mercredi soir marque selon elle une “rupture historique et dramatique” avec l’arrivée sans précédent d’un représentant de l’extrême droite à une vice-présidence de la Commission.

En 2019, trois candidats commissaires avaient été recalés par les eurodéputés. Cette fois, l’ensemble de l’équipe, dont le Français Stéphane Séjourné à une vice-présidence chargée de la Stratégie industrielle, devrait être confirmé dans une semaine. Mais au prix de douloureuses concessions pour certains.

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