Un tournant diplomatique majeur est sur le point de se produire au Moyen-Orient. Après 15 mois d’une guerre dévastatrice dans la bande de Gaza, ayant fait des dizaines de milliers de morts, un accord de trêve historique a été approuvé samedi par Israël. Cet accord, qui doit entrer en vigueur dimanche matin à 6h30 heure locale, a été âprement négocié par des médiateurs du Qatar, de l’Égypte et des États-Unis. Reportage sur les coulisses d’une médiation internationale sous haute tension.
Gaza : la libération croisée d’otages, clé de voûte de l’accord
Selon des sources proches des négociations, la première phase de l’accord, qui doit débuter dès l’entrée en vigueur du cessez-le-feu dimanche, prévoit un échange de prisonniers entre le Hamas et Israël. Le mouvement islamiste palestinien s’est engagé à libérer 33 otages actuellement retenus dans la bande de Gaza. En contrepartie, le gouvernement israélien doit relâcher des détenus palestiniens. Cette libération croisée a constitué un point d’achoppement crucial des pourparlers, chaque camp exigeant des garanties.
Le rôle clé des médiateurs qataris et égyptiens
Pour arracher cet accord, la médiation internationale aura été déterminante. Le Qatar et l’Égypte, soutenus par les États-Unis, ont joué un rôle de premier plan. Pendant des semaines, émissaires et diplomates ont fait la navette entre Tel-Aviv, Gaza et Le Caire pour rapprocher les positions. Un négociateur égyptien confie :
Convaincre Israël et le Hamas de faire des concessions a été un véritable défi. La méfiance était totale. Il a fallu bâtir pas à pas un minimum de confiance, en avançant des gages concrets comme cet échange de prisonniers.
Le Qatar, proche du Hamas, et l’Égypte, interlocuteur traditionnel d’Israël, ont su jouer de leur influence sur chaque camp pour les amener à ce compromis.
L’Iran maintient la pression via les Houthis du Yémen
Mais la partie est loin d’être gagnée. L’accord reste fragile et les ennemis d’Israël n’ont pas dit leur dernier mot. C’est notamment le cas de l’Iran, parrain du Hamas et d’autres mouvements armés anti-israéliens. Affaibli sur le front palestinien et libanais, Téhéran mise désormais sur son allié yéménite, les rebelles Houthis, pour maintenir la pression. Une source sécuritaire yéménite avertit :
Devenus indispensables pour l’Iran, les Houthis veulent continuer le combat contre Israël malgré la trêve à Gaza. Ils pourraient intensifier leurs tirs de missiles, voire mener des attaques contre des intérêts israéliens ou occidentaux dans la région.
Autres dossiers chauds : TikTok, investiture de Trump
Le dossier gazaoui n’est pas le seul à faire les gros titres ce week-end. Aux États-Unis, le bras de fer autour de l’application TikTok connaît son épilogue. Menacé d’interdiction, le réseau social chinois devrait finalement disparaître du territoire américain dimanche, au grand dam de ses 170 millions d’utilisateurs.
Autre événement très attendu : l’investiture mercredi de Donald Trump, de retour à la Maison Blanche après sa victoire en novembre. Confronté à une vague de froid polaire, le président élu a dû se résoudre à prêter serment à l’intérieur du Capitole, une première depuis Ronald Reagan en 1985.
Malgré ces incertitudes, l’accord de cessez-le-feu à Gaza suscite un immense espoir. Pour des millions de Palestiniens et d’Israéliens meurtris par ce conflit sans fin, la perspective d’un retour au calme n’a pas de prix. Reste à savoir si cette trêve sera durable ou si, comme tant d’autres avant elle, elle volera en éclat aux premiers accrocs. Les prochains jours s’annoncent décisifs.
