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Accord de libre-échange UE-Mercosur : un pas de plus vers la conclusion

Les négociations pour l'accord de libre-échange entre l'UE et le Mercosur toucheraient au but. Une perspective qui suscite espoirs et craintes, notamment chez les agriculteurs français. Quels sont les enjeux de cet accord commercial titanesque ?

Les négociations pour l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur seraient sur le point d’aboutir. C’est ce qu’a affirmé mercredi le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, fervent partisan de cet accord controversé. Une perspective qui suscite autant d’espoirs que de craintes, notamment chez les agriculteurs français.

Vers une conclusion imminente de l’accord ?

Selon Pedro Sánchez, les pays de l’UE seraient “très près de conclure” cet accord commercial titanesque avec le Mercosur, le marché commun d’Amérique du Sud qui regroupe le Brésil, l’Argentine, le Paraguay, l’Uruguay et la Bolivie. Deux dates clés ont été avancées par le dirigeant socialiste :

  • Le sommet du G20 en novembre à Rio de Janeiro
  • Le sommet du Mercosur en décembre

Ces échéances pourraient marquer un tournant dans ces négociations qui traînent depuis des années. Un regain d’activité a été observé ces derniers mois, sous l’impulsion de certains pays européens comme l’Allemagne, malgré les réticences persistantes de la France.

La France s’oppose à l’accord “en l’état”

Le président Emmanuel Macron a en effet répété la semaine dernière son opposition à l’accord tel qu’il se présente actuellement. Selon lui, le texte pourrait contrevenir aux engagements de l’accord de Paris sur le climat et nuire aux intérêts européens.

Le Mercosur, en l’état, n’est pas un traité qui est acceptable.

Emmanuel Macron, Président de la République française

Une position loin d’être partagée par tous en Europe, beaucoup espérant au contraire voir leurs exportations bondir vers l’Amérique du Sud grâce à cet accord.

Inquiétudes du monde agricole

Mais c’est surtout du côté des agriculteurs que le projet suscite le plus d’inquiétudes, particulièrement en France. Les syndicats agricoles ont d’ailleurs appelé à une mobilisation massive à partir de mi-novembre, craignant un afflux sur le marché européen de produits sud-américains aux standards moins exigeants.

Contrairement à l’UE, le Brésil autorise encore l’utilisation d’antibiotiques comme activateurs de croissance dans l’alimentation animale. Un écart dans les normes de production qui fait redouter une concurrence déloyale aux agriculteurs du Vieux Continent.

Les enjeux économiques de l’accord

Au-delà des questions sanitaires et environnementales, ce sont bien les enjeux économiques qui sont au cœur de cet accord. D’un côté, les pays européens espèrent doper leurs exportations vers un marché de près de 300 millions de consommateurs. De l’autre, les pays du Mercosur comptent profiter de l’ouverture du marché européen pour écouler leur production agricole.

Des intérêts divergents qui rendent les négociations particulièrement complexes et expliquent la lenteur du processus engagé il y a plus de 20 ans. Reste à savoir si les déclarations optimistes de Pedro Sánchez se traduiront dans les faits.

Quel impact pour les consommateurs ?

Si l’accord venait à être conclu, quelles en seraient les conséquences pour les consommateurs européens ? Difficile à dire tant le contenu exact des négociations reste secret. Certains redoutent une baisse des standards de qualité, tandis que d’autres espèrent au contraire un accès à une plus grande variété de produits à moindre coût.

Une chose est sûre, la conclusion d’un tel accord commercial ne manquerait pas de bousculer en profondeur les équilibres actuels. Avec à la clé, son lot d’opportunités mais aussi de défis pour les différents acteurs économiques des deux continents.

Un calendrier serré

Si l’optimisme affiché par Pedro Sánchez devait se confirmer, les prochains mois s’annoncent décisifs. Avec les sommets du G20 et du Mercosur comme dates butoirs, la pression va aller crescendo pour tenter de trouver un accord.

Mais les négociateurs devront composer avec la méfiance grandissante d’une partie de l’opinion, symbolisée par la fronde qui s’organise dans le monde agricole. Le gouvernement français, par la voix d’Emmanuel Macron, a d’ores et déjà prévenu qu’il s’opposerait à un accord qui ne respecterait pas ses lignes rouges.

Un bras de fer qui s’annonce intense et dont l’issue est plus incertaine que jamais. L’accord entre l’UE et le Mercosur, déjà qualifié d’historique, écrira-t-il une nouvelle page dans les prochains mois ? Réponse dans les semaines à venir.

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