C’est un accord à la fois « historique » et décevant qui a été conclu ce week-end à la conférence de l’ONU sur le climat à Bakou, en Azerbaïdjan. Après d’âpres négociations, les pays développés se sont engagés à pratiquement tripler leurs financements aux pays pauvres menacés par le réchauffement, les portant à 300 milliards de dollars annuels d’ici 2035. Mais pour beaucoup de pays du Sud, c’est loin d’être suffisant face à l’ampleur des défis.
Un fossé persistant entre Nord et Sud sur le financement climat
Le résultat de la COP29 met en lumière le fossé qui persiste entre pays riches et pauvres sur la question brûlante du financement de la lutte contre le changement climatique et de l’adaptation à ses impacts. Malgré des progrès, le sentiment de colère et d’injustice prédomine chez les pays en développement.
100 milliards de dollars par an, la promesse non tenue
En 2009, les pays développés s’étaient engagés à mobiliser 100 milliards de dollars par an pour le climat dans les pays du Sud à partir de 2020. Une promesse réitérée dans l’Accord de Paris en 2015. Mais cet objectif n’a jamais été atteint, créant une crise de confiance. Selon l’OCDE, les financements climat Nord-Sud ont plafonné à 83 milliards en 2021.
300 milliards par an en 2035, une avancée en demi-teinte
À Bakou, les pays riches ont fini par mettre sur la table un nouvel engagement : atteindre « au moins 300 milliards de dollars » de financements climatiques annuels d’ici 2035. C’est un progrès majeur sur le papier, puisque ça représente presque un quadruplement par rapport aux montants actuels. Mais pour beaucoup de pays vulnérables, ça reste très insuffisant par rapport à leurs besoins.
Le montant proposé est lamentablement faible. C’est dérisoire
a dénoncé la déléguée indienne Leela Nandan
Les pays les plus pauvres et les petits États insulaires espéraient au moins le double. Selon un rapport récent d’Oxfam, il faudrait au minimum 550 milliards par an pour permettre aux pays du Sud de faire face au changement climatique et de développer des économies bas carbone.
La COP29, une « expérience douloureuse » pour beaucoup
Au-delà des chiffres, c’est le déroulement même de cette COP29 qui a ulcéré de nombreux pays en développement. Entre arrestations de militants, pressions sur des délégués et proximité de la présidence azerbaïdjanaise avec des États pétroliers, le processus a été jugé biaisé et opaque.
Bakou fut une expérience douloureuse
a résumé la ministre brésilienne Marina Silva, qui accueillera la prochaine COP
Des avancées timides sur les énergies fossiles
Autre déception pour les pays vulnérables et les défenseurs du climat : le manque d’avancées significatives sur la question clé de la sortie des énergies fossiles. Sous pression de pays producteurs, le texte final ne mentionne pas explicitement la nécessité de diminuer progressivement le recours au charbon, au pétrole et au gaz. Il se contente de promouvoir les « combustibles de transition » comme le gaz naturel.
Un monde divisé face à l’urgence climatique
Au final, cette COP29 laisse un goût amer et illustre les profondes divisions de la communauté internationale face au réchauffement. Pendant ces deux semaines de négociations, les catastrophes climatiques ont continué de frapper aux quatre coins du monde. La justice climatique et la solidarité restent plus que jamais un combat d’actualité.
Les pays en développement ne cachent pas leur dépit et leur frustration. Mais faute de mieux, ils se résignent à valider cet accord a minima sur le financement, tout en prévenant qu’ils reviendront à la charge à la COP30. Le Brésil, prochain pays hôte, aura fort à faire pour obtenir des avancées plus ambitieuses et renouer un climat de confiance Nord-Sud. L’avenir de la planète en dépend.