La récente trêve entre Israël et le Hamas à Gaza a laissé un goût de victoire amère au président sortant Joe Biden, tout en permettant à son successeur Donald Trump de s’attribuer en partie le mérite de cet accord historique quelques jours seulement avant son investiture. Une situation étonnante qui soulève de nombreuses questions sur le rôle et l’influence des États-Unis dans ce dossier brûlant.
Une coopération inattendue entre Biden et Trump
Alors que les tensions entre l’administration Biden et l’équipe de transition de Trump étaient palpables ces derniers mois, les deux parties ont pourtant travaillé main dans la main pour parvenir à cet accord. Selon des sources proches du dossier, des émissaires des deux présidents se seraient rencontrés à plusieurs reprises, notamment lors d’une réunion clé avec l’émir du Qatar et une délégation du Hamas.
Joe Biden lui-même a reconnu avoir œuvré en « équipe » avec son rival, tandis que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a tenu à remercier les deux dirigeants américains pour leur rôle dans la libération des otages détenus par le mouvement islamiste palestinien. Une séquence inhabituelle qui pose question.
Trump, le « faiseur de paix » autoproclamé
Fidèle à son style, Donald Trump n’a pas manqué de s’attribuer tout le mérite de cet accord. « Cela n’a pu voir le jour que grâce à notre victoire historique en novembre », a-t-il déclaré, estimant que son élection avait changé la donne.
Une affirmation contestée par la Maison Blanche, qui souligne que Biden « a fait ce qu’il fallait » et rappelle que l’accord reprend en grande partie les principes énoncés par le président démocrate dès mai dernier. Néanmoins, des experts reconnaissent qu’il y a eu « un effet Trump », notamment via la pression et les menaces exercées sur les différents acteurs.
Biden critiqué pour son manque de fermeté
De son côté, Joe Biden a essuyé des critiques de la part de l’aile gauche de son parti et d’électeurs musulmans et arabes pour ne pas avoir suffisamment utilisé l’influence américaine afin d’obtenir un accord plus tôt, ce qui aurait pu éviter des milliers de morts depuis l’attaque du Hamas en octobre.
L’administration Biden était terrifiée du coût politique des pressions sur Israël.
Sarah Leah Whitson, directrice de Dawn
Soutien indéfectible de l’État hébreu, à qui il a fourni des milliards de dollars d’armements, Biden aurait ainsi rechigné à bousculer Netanyahu, laissant le champ libre à la stratégie du bâton brandie par Trump.
Un accord lié aux incertitudes sur la présidence Trump ?
Selon plusieurs analystes, au-delà des pressions de Trump, ce sont surtout les interrogations sur ce que sera sa présidence qui ont pu motiver la conclusion d’un accord in extremis.
Côté israélien comme du Hamas, il s’agirait de se prémunir face à l’imprévisibilité du prochain locataire de la Maison Blanche. Un alignement idéologique entre la droite populiste américaine et le gouvernement Netanyahu aurait également facilité les choses, alors que le Premier ministre israélien aurait eu moins de marge de manœuvre pour s’opposer à Trump.
Quel impact pour l’avenir ?
Si le rôle exact de chacun reste difficile à démêler, cet épisode illustre la complexité et les enjeux de l’influence américaine dans le conflit israélo-palestinien. Avec l’arrivée aux commandes de Donald Trump, grand défenseur d’Israël lors de son premier mandat, une nouvelle donne géopolitique se profile.
Bien que saluée, la trêve à Gaza apparaît ainsi comme un succès en demi-teinte pour l’administration Biden, forcée de partager les lauriers avec son encombrant successeur. Quant à Trump, s’il a su démontrer sa capacité à peser sur ce dossier, il devra désormais assumer pleinement son rôle et clarifier sa stratégie. L’avenir de la région en dépend.