Alors que les Polonais sont appelés aux urnes ce dimanche pour élire leurs représentants au Parlement européen, l’abstention s’annonce massive dans le pays d’Europe centrale. Selon les projections, seuls 20 à 25% des électeurs pourraient se déplacer, bien loin du pic de participation de 45% atteint en 2019. Comment expliquer ce désintérêt record pour ce scrutin européen ?
Une fatigue électorale palpable
Première explication avancée par les experts : la fatigue électorale qui touche les citoyens polonais. En effet, ils sont conviés dans l’isoloir pour la troisième fois en seulement neuf mois, après les élections parlementaires de l’automne dernier et les municipales quelques mois plus tôt. Un rythme effréné qui a fini par lasser une partie de l’électorat.
Les gens en ont marre de voter, ils aspirent à une pause dans ce cycle électoral permanent.
– Leszek Jazdzewski, politologue
Manque d’enjeux et de débats
Autre facteur expliquant cette désaffection : le manque d’enjeux perçus dans ce scrutin européen. Contrairement aux législatives, qui avaient suscité un vif intérêt et des débats passionnés, cette campagne est restée très discrète. Les partis n’ont pas réussi à mobiliser sur les questions européennes, jugées trop techniques et éloignées des préoccupations quotidiennes des Polonais.
De plus, le contexte géopolitique tendu, avec la guerre en Ukraine aux portes de la Pologne, a relégué au second plan les enjeux de ce scrutin. Tous les partis s’accordent sur la nécessité de renforcer la sécurité et la défense face à la menace russe, laissant peu de place aux divergences.
L’abstention, premier parti de Pologne
Conséquence de cette conjonction de facteurs, l’abstention devrait donc une nouvelle fois truster la première place de ces élections européennes en Pologne. Un désaveu démocratique préoccupant, alors que l’Union européenne fait face à des défis majeurs pour son avenir.
Reste à espérer que cette démobilisation ne cache pas un rejet plus profond du projet européen, mais traduise seulement une lassitude passagère des électeurs polonais, appelés à retrouver le chemin des urnes dès l’année prochaine pour les présidentielles.
