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Abdullah Öcalan, fondateur du PKK, affirme sa volonté de paix

Abdullah Öcalan, fondateur emprisonné du PKK, affirme sa "détermination" à participer au processus de paix en Turquie. Une "responsabilité historique" pour renforcer la fraternité turco-kurde selon lui. Mais le chemin vers une solution négociée reste semé d'embûches...

C’est un message fort qu’a voulu faire passer Abdullah Öcalan, le fondateur emprisonné du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Lors d’une rare visite de députés turcs pro-kurdes dans sa prison ce samedi, le dirigeant kurde s’est dit « déterminé » à participer au processus de paix avec la Turquie, qualifiant le rapprochement entre Turques et Kurdes de « responsabilité historique ».

Un appel à saisir une « opportunité historique » de paix

Détenu depuis 25 ans sur l’île-prison d’Imrali, au large d’Istanbul, Abdullah Öcalan a pu s’entretenir avec une délégation du parti pro-kurde DEM (Parti de l’égalité des peuples et de la démocratie) pour la première fois depuis 10 ans. Une visite rendue possible par le feu vert du gouvernement du président turc Recep Tayyip Erdogan, après un appel surprise à la paix lancé par son allié ultranationaliste Devlet Bahceli.

« J’ai la compétence et la détermination nécessaires pour apporter une contribution positive au nouveau paradigme lancé par M. Bahceli et M. Erdogan », a déclaré Abdullah Öcalan selon un communiqué du DEM.

Pour le chef historique du PKK, considéré comme une organisation « terroriste » par Ankara, les États-Unis et l’Union européenne, « renforcer la fraternité turco-kurde est non seulement une responsabilité historique mais aussi une urgence pour tous les peuples ». « L’heure est à la paix, à la démocratie et à la fraternité pour la Turquie et la région », a-t-il encore affirmé.

Un conflit sanglant de plusieurs décennies

Le PKK mène une insurrection armée contre l’État turc depuis 1984, un conflit qui a fait des dizaines de milliers de morts. En 2015, le processus de paix entamé avec le gouvernement s’est effondré, déclenchant une reprise des violences, notamment dans le Sud-Est à majorité kurde.

Après l’attentat meurtrier revendiqué par le PKK en octobre dernier à Ankara, la Turquie a mené des frappes contre des positions de militants kurdes en Irak et en Syrie. L’espoir d’une solution négociée semblait alors s’éloigner à nouveau.

Obstacle de la question kurde en Syrie

Un autre défi de taille se dresse sur le chemin de la paix: la situation en Syrie. Alors qu’un processus politique s’amorçait en Turquie, les rebelles islamistes ont renversé Bachar al-Assad dans le pays voisin. Ankara espère désormais que les nouveaux dirigeants syriens s’attaqueront aux forces kurdes sur leur territoire, qu’elle considère comme un groupe terroriste affilié au PKK.

« Les développements en Syrie ont montré qu’une ingérence extérieure ne ferait que compliquer les problèmes et qu’une solution ne peut plus être reportée », a estimé Abdullah Öcalan.

La visite et les déclarations du leader kurde marquent une étape importante dans le processus de paix. Mais le chemin vers une solution durable du conflit kurde en Turquie reste semé d’embûches, entre méfiance accumulée, enjeux régionaux et intérêts divergents. La « détermination » affichée devra se traduire par des actes concrets des deux côtés pour transformer cette « opportunité historique » en paix réelle et durable.

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