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Abdel Fattah : Sa mère en grève de la faim pour sa libération

En grève de la faim depuis 54 jours, Laila Soueif, mère de l'opposant égyptien emprisonné Alaa Abdel Fattah, appelle le gouvernement britannique à obtenir sa libération. Elle espère passer du temps avec lui et sa famille, craignant que leur prochaine rencontre soit la dernière...

Depuis 54 jours, Laila Soueif, 68 ans, mène un combat acharné pour obtenir la libération de son fils, le célèbre blogueur pro-démocratie Alaa Abdel Fattah. Emprisonné en Égypte depuis 2019, ce dernier aurait dû être libéré le 29 septembre dernier après avoir purgé une peine de 5 ans. Mais à ce jour, il croupit toujours derrière les barreaux.

Pour protester contre cette injustice, Mme Soueif a entamé une grève de la faim le jour où son fils aurait dû recouvrer la liberté. Malgré une perte de poids drastique, elle affirme se sentir “dans un état à peu près normal”. Son fils en revanche a perdu tout espoir. Lors de leurs brèves entrevues mensuelles, il confie à sa mère ne plus croire qu’il sortira un jour de prison.

Une mascarade judiciaire

Arrêté en septembre 2019 pour avoir partagé un texte dénonçant les actes de torture commis par un policier, Alaa Abdel Fattah a été condamné en 2021 à 5 ans de prison pour “diffusion de fausses informations”. Un procès que sa mère qualifie de “mascarade”. Selon elle, la détention provisoire de 2 ans aurait dû être prise en compte, comme c’est l’usage. Mais les autorités égyptiennes ont refusé.

Mme Soueif craint que faute d’être libéré maintenant, son fils ne le soit jamais, les autorités trouvant toujours un prétexte pour le garder enfermé. Si ses conditions de détention sont “correctes”, Alaa Abdel Fattah aurait “frôlé la mort” en 2022 lors d’une grève de la faim, selon sa famille.

Une figure de la révolution égyptienne

Farouche opposant au régime du président Al-Sissi, le blogueur de 40 ans est une figure emblématique de la révolution de 2011 qui a renversé Hosni Moubarak. Incarcéré à de multiples reprises depuis 2006, il fait partie des dizaines de milliers de prisonniers politiques détenus dans des conditions souvent très dures en Égypte, selon les ONG de défense des droits humains.

Londres appelé à agir

Depuis sa cellule, Alaa Abdel Fattah a réussi à obtenir la nationalité britannique en 2022 grâce à sa mère née au Royaume-Uni. Cette dernière mise désormais sur la diplomatie britannique pour faire pression sur Le Caire. Elle doit rencontrer pour la première fois le 27 novembre le nouveau chef de la diplomatie David Lammy, qui avait appelé à plusieurs reprises à la libération d’Alaa lorsqu’il était dans l’opposition.

Persuadée que Londres a l’influence nécessaire pour obtenir gain de cause, Mme Soueif prévient: “Faites libérer mon fils, sinon mes filles et moi nous ne vous lâcherons pas”. Après 54 jours de jeûne, sa détermination reste intacte. Son seul rêve est de passer au moins quelques mois avec son fils, ses filles et ses petits-enfants dans des “circonstances normales”. Un rêve modeste pour cette mère courage qui craint que sa prochaine visite en prison fin novembre ne soit la dernière…

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