Rennes est sous le choc après le drame qui s’est noué hier soir dans une boucherie afghane du centre-ville. Vers 19h30, un individu de nationalité afghane a fait irruption dans ce commerce de la rue Vaneau, armé d’une machette. Une rixe d’une violence inouïe s’en est suivie avec plusieurs autres personnes présentes sur les lieux, vraisemblablement des compatriotes de l’assaillant. L’altercation a rapidement dégénéré, l’homme à la machette recevant de multiples coups de couteau. Malgré l’intervention des secours, son pronostic vital n’a pu être engagé. Il est décédé sur place des suites de ses blessures.
Deux suspects interpellés
La police a procédé à l’interpellation de deux hommes suspectés d’avoir porté les coups de couteau fatals. Agés de 27 et 43 ans et de nationalité afghane eux aussi, ils ont été placés en garde à vue. Selon les premiers éléments, la victime se serait présentée menaçante, faisant un blessé grave parmi les personnes présentes avant de succomber à son tour sous les assauts au couteau de ses compatriotes. Le lien éventuel entre l’assaillant et cette boucherie afghane reste pour l’heure inconnu et devra être éclairci par l’enquête.
Rennes face aux tensions communautaires
Ce drame met en lumière les tensions qui traversent la communauté afghane de Rennes, une ville qui accueille de nombreux migrants et demandeurs d’asile originaires d’Afghanistan. Ces dernières années, les structures d’hébergement se sont multipliées, non sans susciter parfois l’hostilité d’une partie de la population locale. En parallèle, les rivalités et les règlements de compte entre différents groupes issus de la communauté afghane semblent s’envenimer.
La situation des migrants à Rennes est préoccupante. Il faut davantage de moyens pour favoriser leur intégration et désamorcer les conflits.
– Une responsable associative
Face à ce nouveau fait divers tragique, les autorités et les associations appellent à l’apaisement. Mais beaucoup pointent aussi du doigt l’insuffisance des politiques d’intégration et d’accompagnement de ces populations fragilisées par l’exil. Sans un effort concerté pour favoriser leur insertion et désamorcer les tensions, d’autres drames risquent de se produire.
Des réactions politiques contrastées
L’affaire provoque des réactions contrastées dans la sphère politique locale. Si la majorité municipale de gauche appelle à ne pas stigmatiser la communauté afghane dans son ensemble, son opposition pointe du doigt son laxisme présumé qui encouragerait l’installation de migrants en situation irrégulière. Une polémique avait déjà éclaté en octobre dernier autour du port du burkini dans les piscines municipales.
A l’extrême droite, le drame est instrumentalisé pour dénoncer un “effondrement régalien” et appeler à un durcissement des politiques migratoires. Des élus du RN vont jusqu’à réclamer l’expulsion de tous les migrants afghans en situation irrégulière. Des propos jugés irresponsables par les associations de défense des droits humains.
Un drame qui invite à la réflexion
Au delà de l’émoi et des récupérations politiques, ce fait divers tragique doit conduire à une réflexion collective sur la manière d’accueillir dignement les réfugiés et demandeurs d’asile. Comment leur offrir des perspectives d’intégration, lutter contre la précarité et les tensions communautaires ? Des défis immenses qui impliquent une mobilisation conjointe des pouvoirs publics, des associations et des citoyens, loin des réflexes sécuritaires et des fantasmes identitaires.
Dans cette optique, des initiatives positives émergent, à l’image du label “école sans racisme” décerné en 2010 au lycée Saint-Yves de Bain-de-Bretagne. Une façon de promouvoir le vivre-ensemble dès le plus jeune âge. Mais il faudra aussi donner aux migrants les moyens concrets de s’insérer par l’emploi, la langue, le logement. Un immense chantier qui demande du temps, des moyens et une volonté politique au long cours.
