Alors que la Nouvelle-Calédonie tente de retrouver un semblant de normalité après une semaine de violences sans précédent, la situation sur le territoire reste des plus précaires. Malgré les appels au calme et le déploiement massif des forces de l’ordre, les tensions communautaires persistent et menacent la fragile stabilité de l’archipel.
Un retour au calme en trompe-l’œil ?
Si les autorités se félicitent de “nets progrès dans le rétablissement de l’ordre”, la réalité sur le terrain semble tout autre. Dans la nuit de lundi à mardi, de nouveaux incidents ont éclaté à Nouméa et ses alentours, avec notamment l’incendie d’un entrepôt et des barrages routiers érigés par des jeunes encagoulés. Des scènes qui témoignent de la persistance d’un climat délétère, malgré le renfort des effectifs de sécurité.
Les jeunes voulaient tout brûler, on a réussi à les en empêcher.
– Un militant local
L’évacuation des ressortissants étrangers s’organise
Face à cette situation explosive, l’Australie et la Nouvelle-Zélande ont annoncé l’envoi de plusieurs vols pour rapatrier leurs centaines de ressortissants bloqués sur place. Une décision qui intervient alors que l’aéroport international de Nouméa reste fermé aux vols commerciaux jusqu’à jeudi, signe que les autorités craignent de nouveaux débordements.
Une réforme contestée au cœur des tensions
Mais au-delà des violences, c’est bien le projet de réforme constitutionnelle qui cristallise les tensions. Porté par le gouvernement, ce texte prévoit notamment le dégel du corps électoral pour les élections provinciales, une mesure perçue par les indépendantistes comme une tentative de marginaliser le vote kanak. Malgré les appels au report, les non-indépendantistes, eux, exigent que l’examen du projet de loi se poursuive.
Le retrait de la réforme serait une erreur gravissime qui donnerait raison aux casseurs, aux pilleurs et aux émeutiers.
– Nicolas Metzdorf, député Renaissance de Nouvelle-Calédonie
Quel avenir pour la Nouvelle-Calédonie ?
Au-delà de l’urgence sécuritaire, c’est l’avenir même de la Nouvelle-Calédonie qui semble en jeu. Après trois référendums d’autodétermination en trois ans, le dernier en date ayant été largement boycotté par les indépendantistes, la question du statut de l’archipel reste entière. Et les derniers événements ont ravivé les plaies d’une société profondément fracturée.
Emmanuel Macron, qui suit la situation de près, a appelé à la “vigilance” et à “l’engagement”. Mais pourra-t-il apaiser les tensions et dessiner un nouvel avenir pour ce territoire meurtri ? L’enjeu est de taille, tant la Nouvelle-Calédonie semble aujourd’hui au bord de l’implosion. Et le fragile retour au calme observé ces dernières heures pourrait n’être qu’une accalmie avant une nouvelle tempête.
