Imaginez-vous au sommet d’une montagne, le vent glacial fouettant votre visage, le silence seulement brisé par le craquement de la neige sous vos crampons. Pour beaucoup, ce serait une épreuve. Pour Léa, 32 ans, c’est là qu’elle trouve son équilibre. Diagnostiquée bipolaire après des années d’errance médicale, elle a abandonné les open spaces et les réunions interminables pour une vie d’aventures extrêmes. Son histoire, c’est celle d’une résilience hors norme, d’une quête de sens et d’une volonté de briser les tabous autour de la santé mentale.
De l’Essec aux Sommets : Un Parcours Atypique
Après un diplôme prestigieux à l’Essec, Léa aurait pu suivre une trajectoire toute tracée : un poste stable, une carrière linéaire, un bureau avec vue. Mais pendant sept ans, elle vit dans l’ombre d’un diagnostic manquant. Hyperactivité, euphorie débordante, puis des chutes brutales dans la dépression : les symptômes de la bipolarité rythment son quotidien sans qu’elle ne comprenne pourquoi. « Je passais d’un extrême à l’autre, sans savoir ce qui m’arrivait », confie-t-elle.
Ce n’est qu’à 25 ans que le verdict tombe. Un soulagement, mais aussi un défi. Comment concilier une carrière classique avec une maladie mentale invisible ? Léa tente, enchaîne les emplois, mais le cadre rigide du bureau l’étouffe. Alors, elle décide de tout quitter. Direction les montagnes, les bivouacs, les défis physiques qui deviennent sa thérapie.
La Montagne Comme Refuge
Pourquoi la montagne ? Pour Léa, c’est une évidence. « Quand je grimpe, je me sens alignée. C’est comme si mon corps et mon esprit trouvaient enfin un rythme commun. » Elle ne parle pas de simples randonnées. À son actif, le Pic Lénine, un sommet de 7 000 mètres au Kirghizistan, des cascades de glace à Chamonix, des nuits en igloo. Ces exploits ne sont pas seulement physiques : ils demandent une discipline mentale hors du commun.
« C’est quand je fais de l’alpinisme que je me sens la plus stable. »
Léa, 32 ans
Chaque matin, Léa évalue son humeur sur une échelle de 1 à 10. « En ce moment, je suis à 8. Le 10, ça m’effraie », explique-t-elle. Les phases « up » de la bipolarité, ces moments d’euphorie où elle se sent invincible, sont aussi celles où elle doit redoubler de vigilance. Car après l’ascension vient toujours la descente, parfois brutale, vers la dépression.
Bipolarité : Comprendre une Maladie Invisible
La bipolarité, autrefois appelée maniacodépression, touche environ 1 à 2 % de la population mondiale. Caractérisée par des alternances entre des épisodes maniaques (hyperactivité, impulsivité) et dépressifs (tristesse profonde, perte d’énergie), elle reste mal comprise. Pour Léa, le diagnostic a été une clé, mais aussi une responsabilité : apprendre à gérer ses émotions, anticiper les crises, et surtout, accepter que cette maladie fait partie d’elle.
Contrairement aux idées reçues, la bipolarité ne se résume pas à des « sautes d’humeur ». Les phases maniaques peuvent pousser à des décisions impulsives – comme dépenser toutes ses économies ou se lancer dans des projets irréalisables. Les phases dépressives, elles, peuvent plonger dans un désespoir si profond qu’il devient paralysant. Léa a connu les deux. Pourtant, elle refuse de se laisser définir par sa maladie.
Les chiffres clés de la bipolarité :
- 1 à 2 % de la population mondiale concernée.
- Âge moyen du diagnostic : 25 ans.
- 50 % des personnes bipolaires font une tentative de suicide au cours de leur vie.
- Un suivi médical et psychologique est essentiel pour stabiliser les symptômes.
Sensibiliser pour Briser les Tabous
Léa ne se contente pas de gravir des sommets. À travers ses aventures, elle veut changer les regards sur la santé mentale. « On parle encore trop peu de bipolarité. Les gens imaginent une personne instable, imprévisible. Mais avec un suivi, on peut vivre pleinement. » Elle partage son expérience sur les réseaux sociaux, dans des conférences, et même en tête-à-tête avec ceux qui croisent son chemin.
Son message est clair : la bipolarité n’est pas une faiblesse. Elle demande du courage, de la discipline, et une connaissance de soi à toute épreuve. Léa insiste sur l’importance d’un suivi médical – traitements médicamenteux et thérapie – mais aussi sur le rôle des passions. Pour elle, l’alpinisme est un outil de résilience, un moyen de canaliser son énergie et de retrouver un équilibre.
Le Défi de l’Inclusion Professionnelle
Si Léa a choisi de quitter le monde du travail classique, elle sait que ce n’est pas une option pour tout le monde. La bipolarité au travail reste un sujet sensible. Beaucoup craignent de révéler leur diagnostic, de peur d’être jugés ou mis à l’écart. « J’avais peur d’être mise au placard », admet-elle, se souvenant de ses années en entreprise.
Pourtant, des progrès sont notables. De plus en plus d’entreprises s’engagent pour l’inclusion professionnelle des personnes en situation de handicap, y compris les troubles psychiques. Des initiatives comme l’Inclusiv’Day, un événement dédié aux bonnes pratiques RH, mettent en lumière des solutions : aménagement des horaires, sensibilisation des équipes, accompagnement personnalisé.
Défis au travail | Solutions possibles |
---|---|
Stigmatisation | Sensibilisation des collègues |
Gestion des crises | Aménagement des horaires |
Fatigue chronique | Télétravail partiel |
Une Vie d’Aventures, Mais Pas Sans Risques
Grimper un sommet de 7 000 mètres ou dormir seule en bivouac n’est pas sans danger, surtout pour une personne bipolaire. Léa en est consciente. « Les phases maniaques peuvent me pousser à prendre des risques inconsidérés. Je dois toujours m’entourer de personnes de confiance. » Elle planifie ses expéditions avec soin, s’appuie sur des guides expérimentés, et ne part jamais sans un plan B.
Cette discipline, elle l’a apprise à ses dépens. Une fois, lors d’une phase « up », elle a sous-estimé une ascension. Résultat : une chute sans gravité, mais un rappel à l’ordre. Depuis, elle redouble de vigilance, prouvant que la bipolarité, bien gérée, n’empêche pas de réaliser des exploits.
Et Après ? Une Quête Sans Fin
Aujourd’hui, Léa continue d’explorer. Après Chamonix, elle envisage de nouvelles destinations, peut-être l’Himalaya ou les Andes. Mais son plus grand défi reste de vivre en harmonie avec elle-même. « La bipolarité, c’est une montagne que je gravis tous les jours. Parfois, c’est épuisant. Mais chaque pas compte. »
Son histoire inspire. Elle rappelle que la santé mentale, loin d’être un frein, peut devenir une force. À condition d’oser être soi, de trouver son chemin, et de ne jamais baisser les bras. Léa, elle, a choisi les sommets. Et vous, quelle serait votre montagne ?
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