Imaginez un club de football, solidement ancré dans le milieu de tableau de la Ligue 2, qui s’effondre soudainement jusqu’à la relégation en National, un échelon jamais vu depuis quatre décennies. C’est l’histoire du SM Caen lors de la saison 2024-2025, marquée par l’arrivée du clan Mbappé à sa tête. Une prise de contrôle ambitieuse, des promesses de rayonnement international, mais un bilan sportif désastreux : comment en est-on arrivé là ? Plongeons dans les coulisses d’une saison cauchemardesque.
Une Ambition Démesurée, un Début Chaotique
L’été 2024 devait marquer un tournant pour le SM Caen. Après des années de stabilité relative, avec des places honorables en Ligue 2 (7e, 5e, puis 6e), le club normand passe sous le contrôle d’Interconnected Ventures, une société dirigée par Fayza Lamari, mère de la star mondiale Kylian Mbappé. L’objectif ? Faire du club une vitrine, en France et à l’international. Mais le rachat, finalisé tardivement fin août, pose les premières pierres d’un édifice bancal.
Le timing joue contre les nouveaux propriétaires. Avec un mercato estival déjà bien avancé, les marges de manœuvre sont limitées. L’équipe, composée de nombreux joueurs en fin de contrat, manque de cohésion. Les dirigeants découvrent un club en proie à un déficit structurel de plus de 10 millions d’euros, aggravé par des promesses non tenues de l’ancienne direction à une vingtaine de joueurs.
« On a trouvé des squelettes dans les placards. Le club vivait au-dessus de ses moyens. »
Fayza Lamari, dans une interview radiophonique
Ce contexte financier et organisationnel complique les premières décisions. Par exemple, Alexandre Mendy, meilleur buteur de Ligue 2 la saison précédente, se voit refuser un départ promis par l’ancienne direction. « Trop tard pour trouver un remplaçant », justifient les nouveaux patrons. Résultat : un vestiaire démotivé, une préparation estivale chaotique, et un mercato déséquilibré.
Une Direction Inexpérimentée à la Barre
Pour piloter ce navire en eaux troubles, le clan Mbappé mise sur des figures novices dans le football. Ziad Hammoud, homme de confiance de la famille, est nommé président, malgré une expérience inexistante dans la gestion d’un club. Le directeur technique, Gérard Prêcheur, quitte le navire dès janvier pour des raisons personnelles, tandis que le recrutement n’est supervisé par un directeur dédié qu’à partir de 2025. Cette instabilité à la tête du club crée un vide décisionnel.
En interne, les salariés décrivent une organisation désordonnée :
- Un manque de communication claire entre la direction et les joueurs.
- Des décisions prises à la hâte, sans vision sportive cohérente.
- Une absence de leadership pour incarner le projet sportif.
« On est comme les pièces d’un puzzle mal assemblé », confie un employé du club. Cette impression de désordre se répercute sur le terrain, où l’équipe enchaîne les contre-performances dès les premières journées.
Un Carrousel d’Entraîneurs et des Joueurs Défaillants
La saison 2024-2025 est marquée par une valse des entraîneurs, un symptôme de l’improvisation générale. Nicolas Seube, figure historique du club, est limogé en décembre après un début de saison difficile. Les supporters, attachés à cet ancien joueur, vivent ce départ comme une trahison. Son successeur, Bruno Baltazar, arrive avec des idées de jeu ambitieuses, mais inadaptées à l’urgence et à l’effectif. Résultat : sept défaites en sept matchs.
« Les joueurs ont voulu garder Baltazar, mais son projet ne collait pas à l’effectif. »
Fayza Lamari, à propos du choix de maintenir l’entraîneur
En février, Michel Der Zakarian prend les rênes, mais le mal est fait. Les joueurs, pointés du doigt pour leur manque d’engagement, accumulent les erreurs individuelles. « Certains ne sont pas au niveau, mais veulent jouer quand même », déplore le nouvel entraîneur. Le SM Caen sombre, enchaînant un record historique de neuf défaites consécutives en Ligue 2.
Entraîneur | Période | Bilan |
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Nicolas Seube | Juillet-Décembre 2024 | Relégation imminente |
Bruno Baltazar | Janvier-Février 2025 | 7 défaites en 7 matchs |
Michel Der Zakarian | Février-Mai 2025 | Dernière place confirmée |
Une Communication Maladroite, des Supporters en Colère
Si les résultats sportifs sont catastrophiques, la communication de la direction aggrave la fracture avec les supporters. Ziad Hammoud, le président, se fait remarquer par son silence. Après une défaite contre Guingamp en janvier, il s’exprime pendant seulement 22 secondes devant les médias, sans répondre aux questions. Lors de la relégation officielle, le 18 avril, il promet un communiqué qui ne viendra jamais.
Les déclarations de Fayza Lamari, perçues comme arrogantes, jettent de l’huile sur le feu. Face à des banderoles hostiles, elle confie avoir envisagé de quitter le club, ajoutant : « On ne nous méritait pas. » Ces mots, mal reçus par les supporters, renforcent le sentiment d’une direction déconnectée de la réalité caennaise.
Les griefs des supporters :
- Une communication perçue comme hors-sol.
- Le limogeage de figures historiques comme Nicolas Seube.
- Un manque de transparence sur les choix stratégiques.
Les supporters, pourtant fidèles, expriment leur colère. Lors du match contre Martigues, un envahissement de terrain traduit leur désespoir. « On a honte », confie un employé du club, tandis que les gradins grondent contre une direction jugée incompétente.
Un Budget Amputé, un Avenir Incertain
La relégation en National pose des défis colossaux pour la saison prochaine. Le budget, déjà fragile, sera divisé par trois, selon les estimations de la direction. « Il y aura des décisions difficiles », prévient Fayza Lamari. Les salariés, inquiets, craignent des baisses de salaires, voire des licenciements.
Sur le plan sportif, le club mise sur un grand ménage. L’effectif sera largement remanié, et un nouvel entraîneur devrait être nommé. Mais la direction, malgré les critiques, reste en place, convaincue que son modèle finira par porter ses fruits. « Avec des résultats, on parlerait de génie », assure un proche du club.
Les défis à venir pour le SM Caen :
- Reconstruire un effectif compétitif avec un budget réduit.
- Restaurer la confiance des supporters.
- Stabiliser l’organigramme pour une vision à long terme.
Le Défi de Reconquérir les Cœurs
Le SM Caen aborde la saison 2025-2026 dans une position délicate. Le National, troisième échelon du football français, est un championnat rude, où les clubs luttent avec des moyens limités. Pourtant, les supporters, malgré leur déception, devraient rester fidèles. Leur attachement au club, ancré dans l’histoire normande, est une lueur d’espoir.
Pour redresser la barre, la direction devra faire preuve de transparence et d’humilité, deux qualités qui ont cruellement manqué cette saison. Les investissements dans les infrastructures, comme la rénovation des terrains ou la création d’une salle de musculation, sont un premier pas. Mais sans victoires, ces efforts risquent de passer inaperçus.
« On aime ce club, mais on ne peut pas continuer à subir. Il faut des résultats. »
Un supporter caennais anonyme
Le clan Mbappé, malgré ses ambitions, a sous-estimé la complexité de la gestion d’un club de football. La saison 2024-2025 restera comme une leçon douloureuse, mais aussi une opportunité de repartir sur des bases saines. La balle est dans leur camp : sauront-ils relever le défi ?
En résumé : La saison 2024-2025 du SM Caen est un fiasco retentissant. Relégation, instabilité, communication maladroite : le clan Mbappé a multiplié les faux pas. L’avenir s’annonce incertain, mais une reconstruction est possible, à condition de tirer les leçons de cet échec.