Le groupe français Suez vient de frapper un grand coup en Asie. Malgré les fortes tensions géopolitiques dans la région, notamment autour de Taïwan, le géant tricolore de la gestion de l’eau et des déchets a réussi à décrocher plusieurs méga-contrats. Symbole de cette percée, Suez va construire et opérer pendant 15 ans une immense usine de dessalement sur l’île, pour un chiffre d’affaires de 508 millions d’euros.
Une usine stratégique à Taïwan
Située dans la ville de Hsinchu, cette installation ultramoderne fournira de l’eau potable à 1,6 million d’habitants. Un enjeu vital pour Taïwan, qui fait face à un stress hydrique croissant. Le pays mise en effet sur le dessalement à grande échelle, avec l’objectif ambitieux de construire dix usines pour traiter 1 million de mètres cubes par jour.
Taïwan a de grandes ambitions dans le domaine du dessalement. Et nous venons de gagner la première et la plus importante usine, en partenariat avec un acteur local
– Sabrina Soussan, PDG de Suez
Une belle prise pour Suez, qui met en avant son savoir-faire technologique. Le groupe va concevoir une unité capable de produire 100 000 m3 d’eau douce quotidiennement, soit l’équivalent de 40 piscines olympiques. Un défi technique et environnemental, le dessalement étant gourmand en énergie.
D’autres succès en Asie
Au-delà de Taïwan, Suez engrange les contrats dans toute l’Asie du Sud-Est :
- À Singapour, il va digitaliser la gestion des déchets de l’île-État
- Aux Philippines, il construit des usines de traitement des eaux dans la baie de Manille
- En Inde, il s’est allié au géant Reliance pour le marché du recyclage plastique
Des succès commerciaux qui prouvent la pertinence de la stratégie de Suez. Encore très hexagonal il y a quelques années, le fleuron français accélère son internationalisation, malgré un contexte géopolitique incertain. L’objectif est clair : capter la forte croissance des pays émergents, où les besoins en infrastructures environnementales sont immenses.
Le pari chinois
Mais c’est surtout vers la Chine que Suez tourne son regard. Un marché à la fois attrape et risqué, sur fond de vives tensions sino-américaines. Qu’importe, le groupe y multiplie les investissements et partenariats dans le traitement de l’eau et le recyclage des déchets, surfant sur les priorités environnementales de Pékin.
Dernière illustration en date, la signature d’un accord pour la création d’un pôle Recherche et Innovation à Shanghai. Objectif : codévelopper des solutions durables avec des acteurs chinois, pour mieux répondre aux enjeux locaux. Une approche sur-mesure qui semble payer, malgré la concurrence des champions nationaux comme Beijing Water ou China Everbright Environment.
La Chine est un marché prioritaire, où nous voulons combiner croissance et impact positif. Il faut être présents, visibles, et construire des liens de long terme
– Un dirigeant de Suez
Avec cette stratégie asiatique offensive, Suez veut prouver qu’il a les épaules assez larges pour rivaliser avec les géants comme Veolia ou American Water Works. Quitte à prendre des risques calculés sur des marchés complexes. Le pari de l’internationalisation est lancé pour le groupe, qui réalise déjà 1/3 de ses revenus hors d’Europe. Prochaine frontière : l’Afrique ?