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Activistes Écologistes Jugés pour Intrusion chez Arkema

Un procès symbolique : 8 militants écologistes d'Extinction Rebellion jugés pour avoir dénoncé la pollution d'Arkema. Le parquet requiert de la prison avec sursis. Les activistes transforment l'audience en procès de l'industrie chimique et des polluants éternels.

Un procès peu ordinaire s’est tenu ce mardi au tribunal correctionnel de Lyon. Sur le banc des accusés : huit activistes écologistes, membres du mouvement Extinction Rebellion. Leur crime ? S’être introduits début mars sur un site du groupe chimique Arkema, à Pierre-Bénite dans le Rhône, pour dénoncer les rejets de polluants “éternels” dans l’environnement. Une action coup de poing qui leur vaut aujourd’hui des poursuites judiciaires.

Une intrusion préméditée pour dénoncer la pollution

Lors de cette action, les militants avaient déployé des banderoles, laissé des tags et des graffitis sur les murs du site. Pour le procureur, il ne fait aucun doute qu’il s’agissait d’une opération soigneusement planifiée :

Cette action ne devait rien au hasard. De la documentation, des revendications et des outils comme des coupe-boulons ou du matériel d’escalade ont été trouvés en possession des participants.

– Éric Jallet, Procureur

Des peines de 3 à 6 mois de prison avec sursis ont été requises à l’encontre des prévenus, âgés de 23 à 43 ans et tous titulaires d’un haut niveau d’études. Ces derniers ont unanimement revendiqué le caractère non-violent de leur action, niant avoir commis des dégradations.

Le procès d’Arkema

Mais très vite, les débats ont pris une autre tournure. Plutôt que de se défendre, les activistes ont utilisé l’audience pour attaquer frontalement Arkema et l’accuser de polluer massivement l’environnement avec des composés chimiques de synthèse appelés PFAS et surnommés “polluants éternels” en raison de leur extrême persistance.

Plusieurs témoins sont venus à la barre étayer ces accusations :

  • Une toxicologue de l’ONG Générations Futures, munie d’études scientifiques sur la toxicité des PFAS
  • Des riverains du site venus décrire “la situation anxiogène” qu’ils vivent depuis la révélation du niveau de pollution

Face à la pression, Arkema a dû s’engager à cesser l’utilisation des PFAS d’ici fin 2024 et a installé une station de filtration pour réduire drastiquement ses rejets. Mais pour les prévenus et leurs soutiens, c’est loin d’être suffisant.

Un jugement très attendu

Les avocats de la défense ont plaidé la relaxe, invoquant la liberté d’expression et “l’état de nécessité” face à l’urgence écologique et sanitaire. Le jugement a été mis en délibéré au 5 juillet. Au-delà du sort des prévenus, c’est tout un modèle de développement industriel qui semble avoir été mis en procès à cette occasion.

Cette audience aura eu le mérite de mettre en lumière les tensions croissantes entre les impératifs écologiques et les intérêts de l’industrie chimique. Elle pose la question des limites de la désobéissance civile face à l’inertie des pouvoirs publics et des entreprises sur les enjeux environnementaux. Une problématique complexe qui est loin d’être résolue et promet d’autres procès du même type dans le futur.

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