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Révolution Syndicale : La CGT Soutient le Nouveau Front Populaire

Coup de tonnerre dans le paysage syndical français : la CGT donne une consigne de vote claire en faveur du Nouveau Front Populaire, rompant avec sa tradition d'indépendance vis-à-vis des partis politiques. Un virage stratégique qui soulève bien des questions sur l'avenir du mouvement ouvrier...

En ce mardi 18 juin 2024, les murs de la centrale syndicale CGT à Montreuil ont vibré au rythme d’une décision historique. Réunis en Comité Confédéral National, le “parlement” du syndicat, les responsables cégétistes ont voté à une large majorité en faveur d’un soutien explicite au Nouveau Front Populaire en vue des prochaines échéances électorales. Un choix lourd de sens qui rompt avec l’indépendance traditionnelle de la CGT vis-à-vis des partis politiques, actée dans la célèbre Charte d’Amiens de 1906.

La fin d’un tabou syndical

Jusqu’à présent, si la CGT appelait régulièrement à faire barrage à l’extrême-droite, elle se gardait bien de donner une consigne en faveur d’un mouvement politique en particulier, au nom de son autonomie revendiquée. Un principe respecté même lors de la présidentielle de 2022 où la centrale avait rejeté Marine Le Pen sans pour autant soutenir explicitement Emmanuel Macron. En franchissant le Rubicon cette fois-ci, la CGT ouvre une nouvelle page de son histoire plus que centenaire.

Le Nouveau Front Populaire, une “large alliance” plus qu’un parti

Pour justifier ce qui s’apparente à un virage stratégique majeur, les dirigeants cégétistes mettent en avant le caractère inédit et rassembleur du Nouveau Front Populaire. “On s’autorise à appeler à voter pour le Nouveau Front Populaire, car ce n’est pas un parti, mais une large alliance de gauche“, assume un membre du CCN. Une alliance dans laquelle la CGT voit sans doute un prolongement politique de l’unité syndicale forgée dans la lutte contre la réforme des retraites.

Le mouvement ouvrier est à un tournant de son histoire. Il doit se réinventer pour peser face aux défis actuels.

– Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT

Un tournant assumé mais qui divise

Si la décision a été prise à une nette majorité, elle ne fait pas pour autant l’unanimité en interne. Certains militants et responsables craignent une perte d’indépendance et une forme d’inféodation aux partis composant le Nouveau Front Populaire. D’autres au contraire y voient un acte de courage et de lucidité politique face à la montée des périls. Un débat qui promet d’animer la CGT dans les mois à venir.

La CGT, seule à franchir le pas

Avec ce soutien affiché, la CGT se démarque nettement des autres grandes centrales syndicales. La CFDT, l’UNSA ou encore Solidaires en restent pour l’instant à appeler à faire barrage à l’extrême-droite, sans consigne positive. Seule la FSU, syndicat enseignant, pourrait emboîter le pas de la CGT dans les jours qui viennent. Une position inconfortable pour des organisations tiraillées entre volonté unitaire et attachement à leur liberté de parole.

Quoi qu’il en soit, la décision fracassante de la CGT bouscule en profondeur le paysage syndical et politique français. Elle témoigne d’une volonté de peser plus directement sur les choix de société, quitte à bousculer certains totems. Une évolution majeure dont il faudra suivre les répercussions concrètes dans les urnes et sur le terrain social. Le mouvement ouvrier est plus que jamais à la croisée des chemins.

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