Alors que la réforme des retraites continue de faire polémique en France, le Rassemblement National affirme sa volonté de revenir sur cette mesure phare du second quinquennat d’Emmanuel Macron. En cas de victoire aux élections législatives des 30 juin et 7 juillet prochains, le parti d’extrême droite promet en effet d’abroger la réforme des retraites dès l’automne, après une nécessaire consultation des partenaires sociaux et économiques.
Une promesse électorale au calendrier différé
C’est le député RN sortant de la Somme, Jean-Philippe Tanguy, qui a précisé le calendrier envisagé par son parti sur BFMTV ce lundi. Si sa formation l’emporte aux législatives, l’abrogation de la réforme controversée ne sera pas immédiate mais interviendra “à l’automne”. Une échéance justifiée, selon l’élu, par la nécessité de ne pas “mettre la pagaille” dans l’administration en plein milieu des Jeux Olympiques de Paris.
Cette temporisation tranche avec les promesses de la gauche unie sous la bannière du Nouveau Front Populaire, qui s’engage à abroger la réforme Macron dès l’été en cas de victoire. Pour le député LFI Éric Coquerel, plus vite ce sera fait, plus ce sera facile, la réforme ayant à peine commencé à être appliquée.
Consultation préalable des partenaires sociaux
Outre ce calendrier différé, le RN insiste sur la nécessité de consulter au préalable les partenaires sociaux et économiques. Une manière de se distinguer de la gauche radicale en affichant une certaine prudence et un respect du dialogue social. Reste à savoir quels seraient les contours de cette consultation et son impact réel sur la décision finale.
Aucun gouvernement ne peut arriver en place en plein pendant les JO et abroger une réforme en mettant la pagaille dans l’administration.
Jean-Philippe Tanguy, député RN sortant
La réforme des retraites version RN
Si le Rassemblement National promet de revenir sur la réforme Macron portant l’âge légal de départ à 64 ans, il défend sa propre vision de l’évolution du système de retraites. Reprenant les propositions de Marine Le Pen, le parti prône un départ anticipé pour les personnes ayant commencé à travailler tôt :
- Avant 20 ans, possibilité de partir avant 60 ans sous condition de trimestres
- Début de carrière après 20 ans, départ entre 60 et 62 ans selon les annuités
- Âge de départ maintenu à 65 ans sans cotisations suffisantes
Le coût de cette réforme RN est estimé à 9 milliards d’euros, loin des 20 milliards avancés par la gauche pour un retour global à 60 ans (et près de 50 milliards pour revenir à 60 ans de manière plus progressive).
Des questions en suspens
Au-delà de l’effet d’annonce, la position du RN soulève plusieurs interrogations. La consultation promise des partenaires sociaux ne risque-t-elle pas de retarder encore l’abrogation au-delà de l’automne ? Le report de cette mesure après les JO n’est-il pas avant tout un choix politique pour ne pas perturber cet événement international majeur ?
Surtout, on peut s’interroger sur la crédibilité et la solidité de la contre-proposition avancée par le Rassemblement National en matière de retraites. Son chiffrage est-il réaliste ? Comment serait-elle financée ? Quelle serait sa pérennité à long terme compte tenu des évolutions démographiques ? Autant de questions qui restent en suspens à ce stade et qui nécessiteront des précisions de la part du RN s’il accède aux responsabilités.
Une chose est sûre, le dossier explosif des retraites sera l’un des enjeux centraux de la prochaine bataille des législatives. Chaque camp affûte ses arguments et ses promesses, avec en toile de fond une forte attente des Français pour plus de justice et d’équité. Verdict dans les urnes les 30 juin et 7 juillet.
