Imaginez un pays où, en seulement quatre mois, 100 vies sont éteintes par la justice, souvent pour des crimes qui ailleurs n’entraîneraient qu’une peine de prison. En 2025, l’Arabie Saoudite atteint ce chiffre glaçant, un record qui interpelle et divise. Derrière les gratte-ciel futuristes et les promesses de modernité, une réalité brutale persiste : la peine de mort reste un pilier de l’ordre public. Cet article plonge dans les raisons de cette vague d’exécutions, ses implications internationales et les contradictions d’un royaume en quête de réinvention.
Une justice implacable sous les projecteurs
Depuis le début de l’année, le royaume saoudien a exécuté au moins 100 personnes, un rythme effréné qui dépasse déjà les chiffres de nombreuses années précédentes. Parmi elles, deux hommes accusés d’appartenance à une organisation terroriste ont été mis à mort récemment, selon les autorités. Mais ce qui choque davantage, c’est que la majorité des condamnés – 59 sur 100 – l’ont été pour des affaires liées aux stupéfiants, dont 43 étrangers. Ces chiffres, bien que précis, racontent une histoire complexe, mêlant justice, politique et image internationale.
Pourquoi un tel recours à la peine capitale ? Les autorités saoudiennes défendent cette pratique comme essentielle pour maintenir l’ordre et la sécurité dans un pays où la loi islamique, ou charia, guide le système judiciaire. Pourtant, ce choix soulève des questions éthiques et diplomatiques, surtout à l’heure où le royaume cherche à se positionner comme un acteur moderne sur la scène mondiale.
La peine de mort : un outil de contrôle
Le recours fréquent à la peine de mort sous le règne du prince héritier Mohammed ben Salmane marque une rupture avec ses prédécesseurs. Alors que certains espéraient une libéralisation avec l’arrivée au pouvoir de ce jeune dirigeant, les chiffres racontent une autre histoire. En 2024, pas moins de 338 exécutions ont été enregistrées, contre 170 en 2023 et 196 en 2022, selon des décomptes officiels. Cette escalation reflète une volonté de fermeté, mais à quel prix ?
« Alors que l’Arabie Saoudite se présente comme un acteur diplomatique positif, ses partenaires internationaux semblent prêts à fermer les yeux sur ses violations des droits humains. »
Jeed Basyouni, militant des droits humains
Les exécutions pour des infractions liées aux stupéfiants, souvent non violentes, sont particulièrement controversées. Après un moratoire de trois ans sur ce type de peines, leur reprise en 2022 a choqué les défenseurs des droits humains. Ces condamnations touchent majoritairement des travailleurs étrangers, souvent pauvres, qui se retrouvent piégés dans un système judiciaire opaque.
Chiffres clés des exécutions en 2025 :
- 100 exécutions depuis janvier.
- 59 condamnations pour trafic de drogue.
- 43 étrangers parmi les condamnés.
- 2 exécutions pour terrorisme.
Vision 2030 : une modernité à double visage
Le programme Vision 2030, porté par Mohammed ben Salmane, promet une transformation radicale du royaume : diversification économique, ouverture culturelle et rayonnement international. Des méga-projets comme NEOM ou l’Exposition universelle de 2030 incarnent cette ambition. Pourtant, la persistance de la peine de mort, surtout pour des crimes non létaux, jette une ombre sur ces réformes.
Pour les militants, cette dualité est problématique. D’un côté, le royaume investit des milliards pour séduire les investisseurs et les touristes ; de l’autre, il maintient des pratiques judiciaires jugées archaïques par beaucoup. Cette contradiction risque de ternir l’image d’un pays qui aspire à devenir une destination mondiale.
Voici les principaux points de tension autour de Vision 2030 :
- Modernisation économique : Diversification loin du pétrole, avec des projets futuristes.
- Ouverture culturelle : Concerts, festivals et tourisme en hausse.
- Répression judiciaire : Peine de mort et restrictions des libertés fondamentales.
Un silence international troublant
Face à cette vague d’exécutions, le silence de nombreux partenaires internationaux est assourdissant. Alors que le royaume renforce ses relations diplomatiques, notamment avec les États-Unis et l’Europe, peu de voix s’élèvent pour condamner ces pratiques. Pourquoi ? La réponse réside souvent dans des intérêts économiques et géopolitiques.
Le pétrole, les contrats d’armement et les investissements massifs du royaume pèsent lourd dans la balance. De plus, l’Arabie Saoudite se positionne comme un rempart contre l’influence iranienne au Moyen-Orient, ce qui lui confère un statut stratégique. Résultat : les critiques sur les droits humains passent souvent au second plan.
« Des dizaines d’hommes condamnés pour des crimes liés à la drogue vivent dans la terreur, face à une hausse dramatique des exécutions. »
Amnesty International, avril 2025
Ce silence contraste avec les appels répétés des ONG. Des organisations comme Reprieve et Amnesty International dénoncent un système judiciaire qui manque de transparence et qui cible souvent les plus vulnérables. Les familles des condamnés, elles, vivent dans l’angoisse, souvent sans accès à des informations claires sur les procès.
Les victimes : au-delà des chiffres
Derrière chaque exécution, il y a une histoire humaine. Parmi les 100 condamnés de 2025, beaucoup sont des travailleurs migrants, venus d’Asie ou d’Afrique, attirés par les opportunités économiques du royaume. Ces individus, souvent peu éduqués et mal défendus, se retrouvent pris dans des réseaux de trafic de drogue, parfois à leur insu.
Le système judiciaire saoudien, basé sur la charia, est critiqué pour son manque d’équité. Les accusés ont rarement accès à une défense adéquate, et les procès sont souvent expéditifs. De plus, les aveux obtenus sous la contrainte sont fréquents, selon les ONG.
Type de crime | Nombre d’exécutions | Profil des condamnés |
---|---|---|
Trafic de drogue | 59 | 43 étrangers, souvent migrants |
Terrorisme | 2 | Accusés d’appartenance à des groupes |
Autres crimes | 39 | Divers, souvent peu documentés |
Une réforme judiciaire est-elle possible ?
Face aux critiques, les autorités saoudiennes insistent : la peine de mort est appliquée uniquement après un processus judiciaire rigoureux, avec toutes les voies de recours épuisées. Pourtant, les observateurs internationaux doutent de la transparence de ces procès. Une réforme du système judiciaire pourrait-elle changer la donne ?
Certains signes laissent espérer un changement. Par le passé, le royaume a suspendu les exécutions pour certains crimes, comme lors du moratoire sur les affaires de drogue entre 2019 et 2022. Mais sans pression internationale soutenue, ces avancées restent fragiles.
Pour les défenseurs des droits humains, la solution passe par :
- Transparence judiciaire : Publier les détails des procès.
- Protection des migrants : Garantir une défense équitable.
- Dialogue international : Pression des partenaires pour des réformes.
Un avenir incertain
En 2025, l’Arabie Saoudite se trouve à un carrefour. D’un côté, elle aspire à devenir une puissance mondiale, accueillant des événements comme l’Exposition universelle de 2030. De l’autre, ses pratiques judiciaires, notamment la peine de mort, risquent de freiner cette ambition. Le royaume parviendra-t-il à concilier modernité et tradition ?
Pour l’instant, les condamnés, leurs familles et les militants attendent des réponses. Chaque exécution est un rappel que, derrière les promesses de progrès, des vies continuent d’être brisées. Le monde, lui, observe, souvent en silence.
Que retenir ?
- 100 exécutions en 2025, un record alarmant.
- La peine de mort, un frein à l’image de modernité.
- Un silence international qui interroge.
Et vous, que pensez-vous de cette situation ? Le royaume doit-il revoir sa justice pour s’aligner sur ses ambitions mondiales, ou la peine de mort reste-t-elle un pilier intouchable ? La réponse, peut-être, viendra avec le temps.