Dans un cri d’alarme retentissant, la FNSEA, principal syndicat agricole français, vient de dénoncer avec force les délais “inacceptables” de paiement des aides européennes destinées aux agriculteurs bio. Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, a mis en lumière une situation critique lors d’une intervention sur RTL ce mardi, révélant qu’entre 5 000 et 10 000 dossiers restent en souffrance, certains producteurs attendant leur dû depuis plus d’un an.
Une attente interminable et des conséquences désastreuses
Pour ces agriculteurs engagés dans une démarche vertueuse mais confrontés à des coûts de production élevés, chaque jour de retard est un jour de trop. “Cela peut aller de quelques milliers d’euros à plusieurs dizaines de milliers d’euros”, précise Arnaud Rousseau, soulignant l’ampleur des sommes en jeu. Face à des trésoreries exsangues et des engagements à honorer, l’attente devient insoutenable.
Le bio en danger
Au-delà des difficultés individuelles, c’est tout le secteur du bio qui se trouve fragilisé. Arnaud Rousseau pointe du doigt les promesses non tenues du gouvernement :
Le Premier ministre a dit “on aura tout payé au 15 mars” pour nous dire ensuite “tout sauf les aides bio”. Ce n’est pas tenable.
Arnaud Rousseau, président de la FNSEA
Dans un contexte où l’agriculture biologique peine déjà à trouver sa place, cette situation risque de décourager les vocations et de ralentir la transition écologique tant espérée.
L’exaspération monte, l’action se prépare
Si la FNSEA se refuse pour l’instant à appeler les tracteurs à descendre dans la rue, la colère gronde. Arnaud Rousseau prévient : “On fera le point à l’automne”. Une façon de mettre la pression sur le gouvernement, coupable aux yeux du syndicat d’une “décrédibilisation de la parole publique”.
Le malaise du monde rural
Cette crise des aides bio s’inscrit dans un contexte plus large de malaise du monde rural, comme en témoigne la poussée du vote d’extrême droite dans les campagnes lors des dernières élections. Pour Arnaud Rousseau, il s’agit d’un “cri d’alarme”, l’expression d’un “sentiment de déclassement”. Un appel au secours qu’il est urgent d’entendre.
L’Europe, grande oubliée du débat
Autre sujet d’inquiétude pour la FNSEA : depuis l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale, le thème de l’Europe a disparu des radars. “Quand on est agriculteur, on dépend du sujet européen”, rappelle Arnaud Rousseau. Un paramètre crucial que les candidats aux législatives ne peuvent ignorer.
Des propositions pour l’avenir
Face à ces défis, la FNSEA entend peser dans le débat. Le syndicat a élaboré une plateforme de 27 propositions articulées autour de trois axes :
- La défense du revenu agricole
- La simplification de la vie des entreprises
- Le sens du métier d’agriculteur, qui doit “continuer à nourrir les Français avec une alimentation de qualité”
Autant de sujets qui doivent s’inviter dans la campagne des législatives et au-delà, pour dessiner les contours d’une agriculture française plus durable, plus juste et plus résiliente. Le dossier des aides bio, s’il est emblématique, n’est que la partie émergée d’un iceberg de problématiques auxquelles il va falloir s’attaquer de toute urgence. L’avenir de nos campagnes en dépend.